1953, le cinéma comment ça va ? L’Amérique a la bombe atomique. On y fait une chasse aux communistes et aux homosexuels… Y compris, bien sûr, dans le cinéma. L’armée veille à ce que les films la valorisent : elle veut un droit de regard sur les scénarios et ne se gêne pas pour négocier avec la mafia, avec les églises même. Ce roman noir de Dominique Maisons nous plonge, avec force détails, dans une fiction ancrée dans la réalité. Nous y croisons, entre autres, Errol Flynn et Hedy Lamarr, deux artistes partageant leur vie entre États-Unis et Europe. Mais surtout nous suivons le montage financier et idéologique d’un film comme si nous y étions. Descriptions des lieux, dialogues, déroulement de l’action nous tiennent en haleine. Sexe, drogue et dollars en sont les moteurs, sont de tous les chapitres. On reconnaît la tendresse de l’auteur pour des actrices, comme Marylin Monroe et d’autres anonymes ou oubliées aujourd’hui et qui ont souffert de cette machine à broyer qui a pour nom Hollywood. On reconnaît aussi son goût pour le cinéma noir de cette époque, qui ne l’empêche pas, bien au contraire, de le voir avec les clés du décryptage qui en montrent la part de propagande. Car le cinéma américain est un véhicule de propagande à l’intérieur des États-Unis et à l’extérieur. Ce roman foisonne de noms de personnes, de lieux, et conduit à un final dont la violence atteint son acmé. On attend presque, une fois la dernière ligne lue, que les lumières se rallument dans la salle…