The Magnificent Seven
2016
Antoine Fuqua
Avec: Denzel Washington, Chris Pratt, Lee Byung-Hun et d'autres
Il y a deux manières de voir ce remake du multi-diffusé Les Sept Mercenaires. Soit on est vieux dans sa tête et on s'insurge. D'une part de voir un classique du western ainsi malmené par son remake qui baigne dans l'habituelle lumière ocre des films d'aujourd'hui. Où sont passés les mexicains du film de John Sturges? Pourquoi ne retrouve-t-on pas ce passage assez intéressant dans la dramaturgie du film d'origine où nos héros sont en échec, forcés de quitter le village? Pourquoi également, ce qui nous rendait la bande de Yul Brynner sympathique a disparu, à savoir cette espèce de grandeur d'âme des mercenaires qui se révèle lors de leur recrutement, cette idée qu'il faut aller aider les pauvres gens même s'ils ne seront pas payés en retour ? On pourra également s'insurger contre les nombreux anachronismes ethniques du film: voir travailler ensemble un noir, un mexicain, un asiatique et un indien est tellement improbable dans l'ouest du dix-neuvième siècle que ça sortira du film toute personne un minimum au fait des réalités sociales de l'époque. Enfin, on pourra également regretter le bigger, stronger, louder qui pollue inévitablement toute tentative de remake d'un film des années 60: il n'y a aucune explosion dans le film d'origine, vous en aurez 5 ou 6 ici. Les morts pleuvent littéralement. La Gatling, qui ne surprend plus personne, fait un véritable carnage. Le méchant, bien sûr, est extrêmement méchant et monodimensionnel, tue toute personne qui le contredit, n'a aucune épaisseur, aucun charisme au contraire de Calvera, le chef des méchants interprété par Eli Wallach dans le film de Sturges. A la fin du film, il y a au bas mot 500 morts, il ne reste plus grand chose du village, de sa population ni des sept mercenaires, mais c'est pas grave, la jolie rousse qui les a recruté au début semble heureuse.
On peut aussi prendre le film différemment. C'est bien filmé, c'est bien cadré, les costumes sont recherchés et il y a de l'action à foison. Denzel Washington et Chris Pratt sont plutôt efficaces et le duo formé par Ethan Hawk et Lee Byung-Hun fonctionne plutôt bien. On est également heureux de revoir l'engagé Baleine de Full Metal Jacket (Vincent D'Onofrio) et la petite bande des sept fonctionne bien. Même s'il est clair que leur caractère multi-ethnique est improbable, ceci a été fait pour que le film ratisse le plus large possible, on est même surpris qu'au final les survivants soient le noir, le mexicain et l'indien. Au passage on nous épargne l'espèce de racisme latent du film d'origine sur la couardise des mexicains. Alors c'est sûr, ce n'est pas un grand western, c'est sûr c'est un peu du n'importe quoi du début à la fin, mais au final, un jeudi soir sur France 3, quand dehors l'épidémie fait rage et vous confine, ça passe crème.
Capture: western movies