La Lettonie en fait partie de ce que Timothy Snyder appelle les Terres de sang et l'histoire de la famille d'Inara Verzemnieks est tout à fait emblématique du destin de ces hommes et femmes.
L'auteure vit aux USA, elle a grandit à Tacoma dans l'état de Washington. Elle a été élevée par ses grands-parents, entourée des fantômes du passé sans que rien ne lui soit jamais raconté.
Toute son enfance est marquée par cette Lettonie perdue, le drapeau, les chants, des gestes qu'elle peine à comprendre comme ceux de disperser sur les cercueils du sable de Lettonie.
A la mort de sa grand-mère elle va tenter de refaire à l'envers le chemin de l'exil jusqu'à cette ferme familiale où durant la seconde guerre mondiale la famille s'est littéralement décomposée.
Elle commence son travail de journalisteen se rendant sur les lieux. Le lent travail de compréhension commence " La porte de la petite maison s'ouvre et je vois ma grand-mère. Bien sûr, à ce moment-là, ma grand-mère, la femme qui m'a élevé, est morte depuis près de cinq ans. "
C'est Ausma la soeur de sa grand-mère.
Et le fil de l'histoire familiale va se dévider. Ainsi il a combattu pour Livija et l'Allemagne sur sa terre où presque tous les 70 000 Juifs de Lettonie ont été assassinés. Ausma ont été séparées, Livija a fuit le conflit à l'entrée des troupes russes en Lettonie et est devenue une réfugiée tandis que son mari, le grand-père d'Inara a rejoint les rangs de laLégion de Lettonie.
Son grand-père a-t-il participé directement aux pogroms ?Inara sait qu'il portait l'uniforme. Il a dû au minimum être témoin et voir ses voisins disparaître.
De l'autre côté de l'histoire familiale il y Ausma qui elle va suivre sa mère et son frère exilés en Sibérie par le régime stalinien.Les deux soeurs ne se sont pas revues durant plus de cinquante ans.
Enfants de déportés en Sibérie
Aujourd'hui est-elle prête à raconter l'histoire du pays et de la famille, histoire marquée par le malheur, les migrations, les guerres, la culpabilité et la honte ?
C'est un beau témoignage de vies marquées par l'" exil, le désir de survie et la résilience. Un texte bouleversant, un pays où ces hommes et femmes étaient
comme des poissons pris au piège sous la glace de la rivière en hiver " et tentent de tisser à nouveau des liens par delà les générations.
Le livre va trouver place dans ma bibliothèque aux côtés de Purge , Ames Baltes de Jan Brokken et du livre de Sandra Kalniete .
Le livre : Mémoires des terres de sang - Inara Verzemnieks - Traduit par Alexandra Maillard - Editions Hoëbeke