Il y a toujours plusieurs façons de raconter son enfance. Gaël Faye y revient sans cesse. Avec Petit Pays, il évoque la guerre, la violence. Cette fois, dans un même ouvrage, un très bel album pour les enfants, il aborde deux fois cette enfance, dans un pays marqué par le colonialisme belge (« la Belgique sous les tropiques »). Une sorte d’Eden avec des serpents et des volières, un ficus et des manguiers, et le temps qui passe lentement, sans la présence d’une mère. N’était cette absence, nous y sommes bien, dans un rythme lent, des couleurs dont le dessinateur, Hippolyte, habille la page, alternant teintes vives et douces, lumières et ombres. Et puis il y a ce texte, en fin d’album, où Gaël reprend le récit de cette enfance, avec un regard d’adulte désormais, toujours lié à ces années qui ont construit son imaginaire. Enfin, ou peut-être en même temps, on peut écouter la voix qui dit le texte en rimes sur une musique de Guillaume Poncelet.