Sur le pont

« Un pont doit tenir au sol mais aussi tenir aux vents. » (Adrien Goetz, Les sept piliers de la folie in Courage n°6 - éd. Grasset) . J’ai lu ce récit dans une revue qui propose vingt textes d’auteur.e.s différent.e.s pour les vingt premières années du siècle (un texte par année). Celui-ci évoque la construction du Viaduc de Millau en 2004 (photo anabf.org). C’est un grutier qui raconte.
Un autre pont s’est construit dans un livre de Maylis de Kerangal, rassemblant tous les corps de métier pour un chantier international : Naissance d’un pont.
Autre viaduc où s'accrochent des enfants entre rivière et voie ferrée : « La rivière, les arbres et le ciel se mélangeaient comme s'ils se trouvaient eux-mêmes dans une de ces boules en verre qu'on retourne pour changer le paysage » (Buveurs de vent, de Franck Bouysse).
En cette rentrée littéraire particulière, les éditions P.O.L. ont publié un livre de Jean Rolin, Le Pont de Bezons, ouvrage où l’auteur nous propose une promenade le long de la Seine, de Melun à Mantes. « Heureux celui qui a vu le jour se lever sur le pont de Bezons ».
Un pont est un ouvrage d’art qui permet de franchir une dépression ou un obstacle en reliant les deux bords de la dépression ou en enjambant l’obstacle. Le dictionnaire du CNRTL, d’où vient cette définition, cite au moins une dizaine de sortes de ponts.
La chanson française en a célébré de nombreux : on danse sur celui d’Avignon, celui de Nantes, on croise le vent sur le Pont des Arts avec Brassens qui dit par ailleurs qu’il suffit de passer le pont. Vous en connaissez d’autres, à coup sûr. Et, bien sûr, des poèmes dont le fameux Pont Mirabeau d'Apollinaire.

Je vous propose d’écrire un texte dont la première phrase sera celle de Jean Rolin et la dernière celle d’Adrien Goetz. À l’intérieur de ce texte, vous placerez un extrait (quelques mots) d’une chanson parlant de pont.

Exemple :

« Heureux celui qui a vu le jour se lever sur le pont de Bezons ». Il est déjà un peu à l’Ouest, il a déjà l’idée de son coucher. Mais pour l’instant, il voit la Seine et c’est tout ce qui compte. Le fleuve passe sous l’arche et rien ne l’en empêche. Il absorbe les vibrations des voitures et du tramway qui roulent au-dessus. Il est loin le temps du bac. Nul ne s’en souvient. On a oublié « le petit pont de bois » qui lui a succédé et qui n’était pas si petit. Et ceux que les guerres ont détruits. Heureux celui qui voit le jour se lever sur un pont, quel qu’il soit, et le soleil rouler sur son tablier. Un pont c’est l’horizon monté sur des piliers. C’est pour aller de l’autre côté. Est-ce que ce sont les mêmes qui construisent les murs et les ponts ? Les murs, tu crois qu’ils te mettent à l’abri alors que les ponts se marient aux éléments : l’eau, la terre et l’air. C’est au milieu du pont, dans le souffle qui le franchit, qu’il faut s’embrasser, paraît-il. Cela vous donne une sorte d’ivresse. Qui vous fera tanguer en arrivant sur l’autre rive. Tandis qu’« un pont doit tenir au sol mais aussi tenir aux vents ».

C'est à vous main tenant. Composez votre texte puis postez-le dans les commentaires ci-dessous. Merci.

L'image ci-contre est extraite du livre de Marion Fayolle, Les petits (éd. magnani)