Je commence par dessiner un arbre

Je commence par dessiner un arbre.

Tout seul sur la feuille de papier, sans ciel, sans terre, il s’ennuie ferme, même pas un petit souffle de vent pour faire frémir ses branches.

Autour de lui, je trace une rue. Deux traits, de part et d'autre. Et puis aussi deux rangées de maisons, 

c'est facile à faire.

L’arbre sourit, il est content, il fait partie d’un cadre désormais.

Dans cette même rue, j’imagine un café, je vois sa belle devanture chatoyante, je vois ses lumières allumées à l’intérieur, on a envie d’entrer.

Je pose mon crayon et poursuis mon songe dans ma tête. 

Je franchis la porte d'entrée. Le café grouille de monde. Il y a un bruit de vie, de conversations, de rires et d'exclamations. Les gens sont assis aux tables et debout devant le comptoir, en train de boire et de parler. 

J'avance quelques mètres et je m'arrête près du juke-box. Je me sens bien, comme dans un rêve. Ah oui, je suis dans un rêve. Quelqu'un m'attend-il à une table, pourquoi est-ce que je suis ici, d’où est-ce que je viens, je ne me souviens de rien. Est-ce vraiment important ?

Dans l’air il y a l’odeur de café et de croissants chauds. Une musique faite de quelques notes lancinantes enveloppe l’espace.

La vision est éphémère mais savoureuse. 

Je la prends pour ce qu'elle est, un instantané d'une sensation passée.