Né en Novembre 1897, Herman Jacob est le premier fils d'un père germano-juif, immigré aux États-Unis en 1892, avec son épouse couturière, elle, originaire de la partie allemande de la Courlande. Ils s'installent en Pennsylvanie où naissent son frère Joe, et sa soeur.
C'est à New York qu'il fait sa scolarité quand la famille s'y installe, 4 ans plus tard. Il graduera de la Columbia University. Il y sera éditeur du journal étudiant. Après avoir été un peu éditeur et gestionnaire du American Jewish Chronicle, il est appelé au front pour la Première Grande Guerre. Il sera cadet de l'air et Marine. Il sera aussi directeur de l'American Red Cross, à Paris. À son retour aux États-Unis, il épouse Sara Aaronson, avec laquelle il aura trois enfants: Don, un scénariste, Frank, un politicien et Johanna, une auteure. Il sera correspondant étranger à Berlin, dans les jeunes années 20, pour le Chicago Tribune. Déjà, il est fort sur la bouteille.
Mais travaillant toujours pour le Chicago Tribune, il envoie des essais au New York Times. Il est même sur l'équipe de publicistes qui travaillent le retour en Amérique de la danseuse Isadora Duncan. Il sera reporter pour le New York World, ce qui le mènera au Vanity Fair, Saturday Evening Post et plusieurs autres magazines. Dans sa vingtaine, il collabore avec des auteur(e)s de renom comme Heywood Broun, Dorothy Parker, Robert E. Sherwood et co-écrit une pièce avec George S.Kaufman. Il en co-écrit une autre avec Marc Connelly. Grace à Kaufmann, du département culturel du New York Times, il s'y niche pendant trois ans et devient, bien assez vite, le premier critique théâtral du New Yorker. Il sera membre de l'Algonquin Round Table. Son écriture, pleine d'esprit, de sens rebelle, et d'humour, attire l'attention des producteurs de cinéma. Il se fait offrir un contrat de 400$ (+ bonus) par semaine et emménage à Hollywood.
Fin 1927, il est à la tête du comité d'écriture de la Paramount. Gros buveur, il engage de scénaristes à son image, avec lesquels il peut trinquer. Ben Hecht, Bartlett Cormack, Edwin Justus Mayer sont de ceux-là. Pour attitrer Hecht, de NY, il lui envoie un télégramme qui dit "y a des millions à faire ici, et la compétition sont des idiots. Ne laisse pas passer. " Entre 1929 et 1935, il travaille sur plus d'une vingtaine de films. Dont Laughter, Million Dollars Legs ainsi que sur Horse Feathers et Monkey Business des frères Marx. Il co-scénarise Dinner At Eight, une des meilleures comédies des années 30 en provenance des É-U. Il réussit avec succès le passage au son avec de délicieux dialogues pleins d'esprit. En février 1938, il scénarise une partie de The Wizard of Oz, qui sera appelée "la séquence de Kansas" et ouvrira le film. Il n'en sera jamais crédité. Dans le livre pourtant peu de pages sont consacrées à la ville d'origine de Dorothy, mais "Mank" voulait intégrer le spectateur dans le très réel avant de le plonger dans le fantastique.
Il travaille tous les genre sauf le western. Pour le punir d'un état d'ébriété de trop on lui exige un scénario western. Il livre une histoire débutant par un chien, terrorisé par une souris qui se termine par un chien portant un bébé dans une maison en feu. Bien entendu, tout ça ne va nulle part.
En 1935, Joseph Goebbels, du Parti Nazi allemand, bannit les films où le nom (juif) de Mankiewicz apparaît au générique. Ce sont de très nombreux films, très populaires.Mank est, pendant un temps, dans le cercle intime, du magnat de la presse William Randolph Hearst. Il est très ami du neveu de la maîtresse de Hearst, l'actrice Marion Davies. C'est par lui qu'il est introduit parmi les intimes des soirées bien arrosées de Hearst. Blessé dans un accident de voiture à la jambe, c'est en convalescence, qu'Orson Welles vient lui rendre visite. Il veut travailler avec lui. Ensemble, ils tricoteront l'histoire de Citizen Kane.
Tout de suite, Hearst comprend qu'on parle de lui. Rosebud serait le nom qu'il donne au clitoris de sa maîtresse. Il fera tout pour limiter la publicité autour du film. Bien qu'il soit nommé dans 10 des 12 catégories honorées aux Oscars, le nom de Hearst fait peur, son immense influence aussi et personne ne vote pour l'un des meilleurs films jamais produits. Le film qui en inspirera des milliers.
Il ne rafle que celui du meilleur scénario. Ce que Mankiewicz apprend, à la radio.
Prisonnier de son propre piège alcoolique, il meurt en mars 1953, à seulement 55 ans. D'empoisonnement urinaire. Il paraissait alors avoir 30 ans de plus.
Narquois, sardonique, espiègle, satirique, plein d'esprit, son style rendra moins propre les héros, et les rendra beaucoup plus vifs d'esprits. Il est de ceux qui ont fait se réaliser des films entiers par le dialogue au lieu de par l'action, par les mouvements de caméras ou par les intrigues. C'est un héros chez les scénaristes, dont je suis.Depuis aujourd'hui, Netflix offre un film sur Mank. Tourné par David Fincher.
Un film que je visionne dès ce soir.
Et que je sens déjà que je voudrai acheter. Pour le placer aux côtés de Citizen Kane, parmi mes films.