Dans Le départ, film de Saïd Hamich présenté ici, la bande de copains d’Adil m’a fait penser à une autre bande de copains dont je ne connaissais que le nom-titre : Les mistons. C’est un court-métrage de François Truffaut, son premier film, paru en 1958, d’après une nouvelle de Maurice Pons.
J’ai donc vu ce film où apparaît, aux côtés de Gérard Blain, Bernadette Lafont. Ces deux-là sont amoureux dans la lumière et les pierres du midi de la France. Ils sont au coeur du film, s’embrassant sans cesse, s’étreignant. Elle, nous la voyons sur les routes à vélo, la robe volant autour d’elle, donnant ainsi à voir la jambe et un peu plus. De quoi émoustiller une bande de gamins qui, par jalousie, décident d’empêcher cette relation entre un beau prof de gym et une belle jeune fille.
Le film de Truffaut, jusqu’alors connu comme un critique sévère, contient quelques références au cinéma d’avant lui : l’arroseur arrosé, par exemple, ou encore quelques images d’un film avec Jean-Claude Brialy projeté dans une salle où les deux amoureux s’embrassent provoquant les cris des gamins. On pourra penser que ce court-métrage annonce Les 400 coups.
Aujourd’hui, c’est avec le film de Saïd Hamich que je peux le comparer. Courts-métrages l’un et l’autre, ils évoquent le passage à l’adolescence dans deux époques différentes. Dans le film de François Truffaut, les enfants s’offusquent d’un amour naissant auquel ils n’ont pas accès, sans doute en partie par ignorance de ce qui se joue dans le désir, tandis que dans celui de Saïd Hamich, les garçons éprouvent avec un certain bonheur une attirance (sans le désir sexuel auquel ils ne pensent pas) vis-à-vis de la femme, française, du frère d’Adil.
Et si le fond de l’histoire est différent d’un film à l’autre, c’est sans doute parce que les contextes sont différents. Mais quelque chose se passe entre les deux.