On les nomme aujourd’hui Premières nations parce qu’elles étaient là avant l’arrivée des Européens qui ont saccagé la terre, imposé leurs règles, leur « économie », creusé pour faire passer un gazoduc, pour trouver de l’or, pour exploiter les sous-sols (pétrole, gaz), méprisant ces Premières nations, jouant sur la confiance que les Dene, puisqu’il s’agit de ce peuple, mettaient dans la parole donnée, dissociant au besoin la parole de l’écrit, puis utilisant l’écrit pour spolier des gens qui ne possédaient pas la terre mais appartenaient à la terre.
Joe Sacco mène une enquête très complète, rencontrant des Dene, des religieux venus d’Europe, des politiques canadiens, etc. Toutes sortes de personnes pouvant témoigner de cette histoire. Et cela sans complaisance, qu’il s’agisse des divisions que les Européens réussissent à créer entre les autochtones, des problèmes résultant d’une politique qui a privé les Dene de leur territoire, —une région grande comme la France et l’Espagne mais peuplée seulement de 45 000 personnes —, et introduit l’alcool et d’autres dépendances. Une forme de résistance s’est instaurée qui a permis l’installation de commissions où chacun.e pouvait prendre la parole. C’est dans ces commissions que peu à peu le nom de Dene est revenu plutôt que le nom d’Indiens que les colonisateurs avaient utilisé. C’est dans ces commissions que les pensionnats, destinés à couper les enfants de leurs parents, de leur langue, de leur culture, ont été dénoncés.
Cet ouvrage est dense : la parole, écrite ici puisque c’est une bande dessinée, les nombreux intervenants, dessinés par l’auteur, les paysages, les animaux, les engins de l’industrie minière. Nous entrons dans ce Nord-Ouest du Canada dans un monde où, avant de creuser la terre ou d’y faire quoi que ce soit, il fallait lui donner quelque chose, de l’eau, du tabac, du thé… il fallait payer la terre, comme lorsqu’on rendait visite à quelqu’un.
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble