Après un an passé dans ma bibliothèque, je me suis enfin décidée à découvrir ce roman un peu loufoque dont je ne connaissais ni l’auteur (Erik Ornakin), ni la maison d’édition (Le Léopard Masqué). Triple découverte donc avec ce titre qui sort assurément des sentiers battus en mettant à l’honneur art pictural et littéraire.
Le livre : « Picasso et l’homme à la tête dans le cube »
Crédit photo : L&T
L’auteur : Erik Ornakin, nom de plume d’Éric Mogis, est un écrivain et éditeur français. Il est le créateur des enquêtes à succès du commissaire Guillaume Suitaume, des romans policiers humoristiques. En 2004, il fonde la première maison d’édition française spécialisée dans le genre : « Le léopard masqué ». Éric Mogis utilise également les pseudonymes de Gordon Zola et Alcide Corneille.
Le résumé : « Résumer cette histoire rocambolesque reviendrait à en expliquer les rouages, à en dévoiler tous les secrets ! Il s’agit d’abord d’une amitié, puis d’une trahison, d’un amour secret, d’un amour bafoué… Il y est question de convoitise, de jalousie, d’un héritage meurtrier, d’une mafia russe, d’une maison mystérieuse, d’une mémoire qu’on oublie… Il y a des faux-semblants, mais un vrai casse-tête… On parle de peinture, de tableaux… On parle de Picasso ! »
Mon avis : Tout d’abord, il y a ce que j’ai aimé dans cette lecture, en commençant par le thème abordé puisque toute l’intrigue tourne autour de l’art, ce qui n’est pas si commun dans des romans. On suit ainsi les (més)aventures de deux jeunes français, Amish Keane et René-Eugène Guine, qui décident d’investir dans le marché de l’art en ouvrant une galerie contemporaine à Moscou. Là, magnats du gaz, oligarques mafieux et fausses comtesses dépensent sans compter pour vanter leur puissance ou faire fructifier leur fortune. Si tout aurait pu aller dans le meilleur des mondes pour Amish et Eugène-René, c’était sans compter le vol d’un célèbre tableau de maître exposé au musée voisin qui se retrouve mystérieusement expédié à la galerie Keane & Guine. Une erreur ? Pas vraiment…
En plus du gratin (de la mafia) russe qui s’en mêle, Amish va de problème en problème lorsqu’il est contacté par un commissaire de la brigade criminelle pour être consultant sur les scènes de crime du « tueur aux tableaux », un psychopathe qui tue ces victimes pour le plaisir de les mettre en scène en reproduisant des toiles célèbres.
Tout ce mic-mac est assez truculent. Nous sommes loin du thriller à suspense et plutôt du côté de la comédie ubuesque. Cet aspect est renforcé par la plume de l’auteur qui s’amuse avec sa palette littéraire et qui enchaine jeux de mots, superlatifs et apartés caustiques.
Avec tous ces ingrédients, les pages se tournent rapidement, souvent le sourire aux lèvres, et on est curieux de savoir comment les personnages vont se tirer de cet imbroglio.
Avec le ton léger qui est de mise dans ce roman, l’auteur en profite pour glisser certaines références culturelles et historiques, notamment concernant les débuts de Picasso et son passage de « l’époque rose » au cubisme.
Toutefois, cet aspect parodique a un effet pervers : il ne s’agit ni d’un « grand » livre, ni d’un roman à suspense qui met les nerfs en pelotes, mais d’une lecture divertissante qui nous accompagne pour un moment seulement. Ceci étant dit, parfois c’est tout ce qu’on demande d’un roman…
Après avoir évoqué les aspects positifs, venons-en aux facettes que j’ai moins appréciées :
Le roman se partage entre les chapitres « au présent » qui se passent en Russie, puis en France durant lesquels on suit Amish, René-Eugène et leurs comparses contemporains, et les passages qui mettent en scène la bande du « bateau-lavoir » du début des années 1900 (Picasso, sa compagne de l’époque Fernande, Apollinaire, Max Jacob et j’en passe). Si ces derniers auraient pu être très intrigants, ils se contentent finalement de relater – dans des scènes grivoises et, selon moi, de mauvais goût – l’amour libre prôné par ces artistes déjantés. Ces chapitres n’apportent pas grand chose à l’histoire et le thème répétitif qui y est abordé les teinte de vulgarité.
Autre point noir de ce roman : le second-degré permet, à certains moments, de véhiculer des préjugés assez limites sur les femmes ou les personnes non-hétéronormées et, on ne sait parfois plus vraiment s’il s’agit de l’opinion de l’auteur ou simplement d’une « petite blague facile ». Je dois dire que cet aspect du livre m’a dérangé.
En bref : Une lecture fantasque et décalée dont les thèmes abordés et, surtout, le ton sont un peu différents de ce qu’on a l’habitude de voir sur les étales des librairies, mais qui n’est pas dépourvue de défauts… Il ne faut donc pas trop en demander à « Picasso et l’homme à la tête dans le cube » et aborder cette lecture en toute légèreté.
Vous connaissiez cet auteur et sa maison d’édition ? Vous êtes tentés par la découverte de ce roman ?