Autour du film Black Panther, de Ryan Coogler

AOC (Analyse, Opinion, Critique) publie des « imprimés » sous forme de carnets comportant deux textes. Il y a quelques jours, était présenté ici un texte de Bruno Latour. Cette fois, c’est autour d’un film réalisé par Ryan Coogler et sorti en 2018, Black Panther, film de super-héros, l’un des plus gros succès du box-office mondial.

Si vous avez vu le film, l’analyse de Bérénice Hamidi-Kim vous en révèlera la complexité que l’action à l’écran risque de noyer par moments, et le propos d’Achille Mbembe vous permettra d’appréhender la question d’un nationalisme planétaire « qui sous-tend maints courants intellectuels africains depuis le XIXe siècle ».

Si vous n’avez pas vu le film — c’est mon cas —, vous trouverez dans cet ouvrage et ces deux textes les éléments d’une réflexion à propos de cette idée d’une Afrique idéale, représentée dans le film par le Wakanda, un pays africain non colonisé et riche, des points de vue différents et parfois radicalement opposés sur la façon de lutter pour la justice (dans l’histoire, on connaît les divergences entre Martin Luther King et Malcolm X) et le pouvoir. Le film explore cela et déconstruit les images des corps noirs, masculin et féminin. C’est l’article de Bérénice Hamidi-Kim qui développe le plus ces aspects, montrant comment le personnage de T'Challa est construit dans ce film et comment il tient sa force non pas de lui seul mais d’une communauté. Achille Mbembe, quant à lui, inscrit le film dans les mouvements d’émancipation et dans le courant afrofuturiste qui justifie la dimension cosmique et « la réconciliation entre l’humain, l’animal, le végétal, l’organique, le minéral et toutes les autres formes de la matière et du vivant ». Black lives matter, semble écrire Achille Mbembe. Et Bérénice Hamidi-Kim regrette, pour sa part, que « la ligne politique que défend T’Challa ne soit pas toujours très claire », faisant remarquer que les super-héros politiques noirs sont « encore engoncés dans ce costume rigide : être un symbole politique oecuménique », costume qui fut aussi celui de Barack Obama.