Il y a 50 ans aussi, Paul McCartney lançait son tout premier album solo. Enlevant de l'éclat du lancement de Let It Be, en présentant un avant-goût de son premier effort, une semaine avant la sortie de Let It Be. Et alourdissant la rumeur de la séparation à venir.
Il en paiera le prix alors qu'on l'étiquettera injustement comme "le gars qui a séparé les Beatles", et ce premier album sera critiqué plutôt sévèrement. Injustement.
5 décennies plus loin, les anciens Beatles ont lancé autour de 60 albums. Sur les 60, au moins 10 se sont distingués très favorablement à mes oreilles et voici mon très humble top 10 des meilleurs albums solo des 4 garçons dans le vent.
Je ne suis pas baby boomer, donc peut-être pas aussi spécialiste que certains. Mais je suis très mélomane.
Et voici 10 de mes préférés des anciens Fab Four.
10. Double Fantasy de John Lennon & Yoko Ono. 1980.
Lancé deux semaines seulement avant son assassinat, le dernier album, que les critiques auraient davantage dû mieux aimer, offre un John Lennon tout à fait féministe, partageant tout à fait également les compositions avec sa tendre moitié, Yoko. John aura la part émotive, harmonieuse et magique, avec des hits comme Starting Over, Beautiful Boy et l'immense Woman. Ma préférée restant Watching The Wheels, Humpty Dumpty éloquent, assez près de la sagesse, réfléchissant sur la vie. Vie qui prenait fin cruellement quelques deux semaines plus loin. La part Yoko était moins supportable.
9. Flaming Pie de Paul McCartney. 1997.
Revigoré par son travail avec les deux autres sur l'anthologie qui sortait dans ses années-là, Paul lançait son premier album en 4 ans, une affaire qu'il a travaillé deux ans en studio avant de l'offrir au bon peuple. Très en voix, il n'avait pas chanté mieux depuis 1982. Calico Skies, Souvenir et Heaven on a Sunday sont quelques faits saillants de ce fort sympathique album. Jeff Lynne à la production.
8. Ringo de Ringo Starr. 1973.Ringo a toujours eu besoin de ses amis. Ça tombait bien, il en est un bon avec les autres. Ici, ses amis l'ont aidé à obtenir son plus grand succès commercial en solo. John avec une poudrée d'humilité et l'excellente Photograph que J.L. avait écrite avec George. Le plus gros hit de Ringo avait Harry Nillson et Paul McCartney dans les voix et les sons derrière. Marc Bolan, Rick Danko, Levon Helm et Nicky Hopkins se trouvent aussi sur cet album plein d'amis et d'amitiés.
7. McCartney de Paul McCartney. 1970.
Malgré les mauvaises critiques qui n'acceptaient pas la fin des Beatles, ce petit trésor en mono voyait Paul jouer d'absolument TOUS les instruments. Junk est un petit bijou, Maybe I'm Amazed est fort bien, une chanson très personnelle et même profonde quand on se penche sur les paroles, et la très poignante Every Night, qui reflétait un peu de l'état d'esprit du divorce houleux qui venait de prendre part sont les moments de grâce de cet album, parfois, expérimental. Il avait envie de silence aussi puisqu'il offre, sur ce premier effort, quelques morceaux instrumentaux. Très intéressant. On soupçonne beaucoup de matériel, sinon tout, étant du matériel pensé Beatle, dormant, maintenant simple sauce "Macca".
6. Living The Material World de George Harrison. 1973.
Impressionnant effort suivant le triomphant All Things Must Pass, le Beatle négligé tente ici de réconcilier son statut de superstar mondiale avec sa spiritualité intérieure. Ça donne quelque chose de franchement bon. Give Me Love, Give Me Peace on Earth avait la candeur d'un John Lennon. Avec lequel, il collaborait encore souvent. Be Here Now et Don't Let Me Wait Too Long sont la preuve des standards nettement plus élevés que les boys de Liverpool avaient maintenant établis dans le monde de la musique. Et George was quite the guitarist*.
5. Ram de Paul & Linda McCartney. 1971.
Sur sa ferme avec son amour Linda, Paul aussi pouvait enregistrer avec sa blonde. Et le bonheur domestique a fait produire un fort bon album. Même si les critiques lui en voulaient alors encore un peu. Smile Away et Uncle Albert/Admiral Halsey sont parmi ses meilleurs morceaux à vie, en solo. Heart of the Country et Back Seat of my Car sont aussi des beautés mélodiques. John, juvénilement, caricaturera la pochette en reproduisant la même, mais avec lui tenant les oreilles d'un porc. Immature.
4. Imagine de John Lennon. 1971.
La toute puissance de l'utopique chanson-titre ne devrait pas faire de l'ombre au reste de l'album. Jealous Guy, qui trahissait les faiblesses de John, Oh My Love, tout à fait aérienne (ma préférée) How, légèrement désespérée, et How Do You Sleep, agressivant anti-Paul, une attaque personnelle, bien en règle, Gimme Some Truth, une rage. Non, cet album a beaucoup plus à offrir que la chanson titre.
3. Band on the Run de Paul McCartney & The Wings. 1973.
À son cinquième effort post-Beatle, Paul offrait du grand génie. J'en ai largement parlé ici.
2. Plastic Ono Band de John Lennon. 1970.
Sur ce dérangeant album cathartique, John se mettait à nu comme peu d'artistes ne l'avaient encore fait auparavant. Plus rien n'était privé avec J.L et sa douce. Mother est déchirante, et il y est hantant avec sa voix. I Found Out et Working Class Hero sont clairement cyniques. Love, naïvement délicieuse. God, critique de tout ce qui est sacré, incluant les Beatles, concluant dramatiquement avec "The Dream is Over". U2, 18 ans plus tard, allait offrir une suite à ce morceau.
1. All Things Must Pass de George Harrison. 1970.
La séparation des Beatles a offert à la coccinelle discrète un magnum opus, pas un, ni deux, mais un triple album, probablement l'unique excellent triple album de l'histoire des triples albums, et révèlerait son immense talent, trop souvent étouffé par les deux autres qui étaient sévères avec ses idées. Il en avait accumulé des bouts de chansons et c'était déjà son troisième album solo. My Sweet Lord, injustement trainée en cour, la chanson titre et Beware of Darkness, sont de parfaits exemples de la route spirituelle que semblait prendre G.H. Isn't a Pity est un excellent morceau. If Not For You séduit et séduira aussi Bobby Z. Le plus jeune des Beatle offrait même un disque complet de longs jams (George, quite the guitarist again) relançant Eric Clapton et ses buddys qui deviendraient Derek & The Dominos de manière "instrumonumentales".
Well...Oui, j'aime presque rien passé 1980. L'année de mes 8 ans. Mais John nous était soustrait de la planète cette année-là. C'était une perte immense. Un tort irréparable. Il avait tout juste 40 ans.
George serait presqu'aussi assassiné, au jour de l'an, survivant à l'agression armée d'un désaxé, mais décédant deux ans plus tard du cancer du poumon. À 58 ans.
Les 4, à leurs manières seront des immortels.
Peu importe la génération. Ça faisait partie de leur magie.
Peter Jackson travaille un curieux documentaire avec des images inédites des 4 garçons dans le vent.
*The quiet guitarist diront certains...