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Le retour de l'accusation de blasphème est une révolution dans notre vie publique (éd. AOC)

Publié le 29 décembre 2020 par Onarretetout

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AOC (Analyse Opinion Critique) publie un entretien entre Arnaud Esquerre et Jeanne Favret-Saada à propos de l’accusation de blasphème dans la vie publique. Ne s’en tenir qu’à l’actualité brûlante ferait oublier que ce type d’accusation est revenu en Europe et aux États-Unis dans les années 1980, plus précisément en 1988 : d’une part, avec la projection, dans les cinémas français, du film de Martin Scorsese, La dernière tentation du Christ, d’autre part, avec la parution, dans les librairies britanniques, du roman de Salman Rushdie, Les versets sataniques. Jeanne Favret-Saada, titulaire de la Chaire d’Anthropologie religieuse de l’Europe à l’École pratique des hautes études, enquête sur ces questions depuis qu’elles occupent ainsi les titres des médias et qu’elles sont vecteurs de violences. Sur les arguments avancés, elle note que celui de « blessures des sensibilités religieuses » mis en avant par les musulmans hostiles au livre de Salman Rushdie a d’abord été utilisé par des représentants du clergé catholique contre le film de Jacques Rivette, adapté du livre de Diderot, La Religieuse. C’est avec cet argument que ces derniers obtiennent du Général de Gaulle lui-même que le film ne reçoive pas, en 1966, son visa d’exploitation (il l’aura l’année suivante en changeant le titre).

C’est « cette convergence entre des tenants de deux religions universelles dans une même volonté de faire taire des artistes » qui a conduit Jeanne Favret-Saada à poursuivre ses recherches notamment sur la modification du langage dans les instances internationales, l’ONU par exemple ne parlant plus de laïcité ni de religions mais de « civilisations ».


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