Le destin, un concept inexistant chez les stoïciens.
Une étude approfondie des pensées pour moi-même de Marc-Aurèle et du manuel d’Épictète, nous montre que le concept de destin n’existe pas chez les stoïciens. Ce qui survient, ce qui touche les êtres humains, s’inscrit dans la globalité d’événements qui s’intriquent les uns avec les autres. Cette vision globale qui inclut tout, y compris ce que nous pourrions appeler destin, est très difficile à comprendre. Tout se passe comme si les stoïciens voulaient contrôler tous les événements passés, présents, et mêmeà venir. Ils sont, de ce point de vue, à l’image des divinités auxquelles ils croient. Ainsi, du haut de l’Olympe, les dieux tels que Zeus et tous les autres, ont une vision de ce qui se passe sur terre, une vision où ils ont une vue globale incluant l’avenir futur. Et c’est ce qui se passe pour les stoïciens.
Lorsque des stoïciens consultent les oracles, c’est pour avoir une idée précise du futur, dans la mesure du possible, pour l’intégrer en harmonie avec le autres éléments du Cosmos. Le destin devient de cette sorte, un élément indissociable du Cosmos et par extension, indissociable du présent et du passé. Ce n’est pas une soumission au destin, c’est une clairvoyance par rapport à lui. C’est quelque chose de prodigieux et de rare.
À la lueur de notre avancée dans l’analyse nous pouvons revenir sur l’exemple cité plus haut. Lorsqu’un sort aussi tragique que la perte d’un être cher ou qu’une amputation atteint une personne, pour les stoïciens cela constitue effectivement un événement tragique pour la personne touchée, mais il n’est nullement tragique pour l’univers. Après un temps de deuil raisonnable, les stoïciens ne sont pas inhumains, la personne concernée par cette épreuve aura la force de repartir vers d’autres horizons. Cela est très bien argumenté par Épictète qui dit que les événements tragiques qui ne dépendent pas de nous, s’ils ont un impact grave sur notre corps, ne devraient avoir aucune influence sur notre volonté. La volonté paraît donc comme une notion, un élément indissociable de la pensée des stoïciens. Une grande source de la méconnaissance de cette philosophies provient justement de la négligence de ce principe.
La perte d’un être cher ou une amputation en un impact personnel et temporaire, mais il faudrait juger cet événement dans la durée et dans la globalité.
Tout se passe, comme si, lorsqu’un événement dramatique nous touche en plein visage, nos réactions face à cet événement, si elles ne sont pas appropriées, peuvent induire une réponse encore plus dramatique. C’est un manière de contrôler le destin au lieu de le subir.
Cela est exprimé de façon très claire par Épictète dans son manuel. Il précise que lorsqu’un sort nous frappe et que nous le détestons au lieu de l’aimer, nous allons en vouloir aux Dieux, puis aux autres. Cette idée est complétée par Marc-Aurèle. Pour au moins ces deux penseurs, des réactions non conformes à la nature, peuvent provoquer en des réactions néfastes en chaines. C’est pour cette raison qu’il faut aimer accepter ce sort dans le but de préserver, dans une certaine mesure, la paix de toute l’humanité. On peut dire donc que les stoïciens cherchent avant tout a amadouer les fureurs de ce monde en les anticipant.
Épictète complète cette idée par une affirmation qui peut paraître banale voir simpliste : Il y a des choses qui dépendent de nous et des choses qui ne dépendent pas de nous. Les choses qui dépendent de nous, ce sont nos réflexions, nos désirs, nos aversions, tout ce qui y est la production de notre âme ou de nos pensées. Ce qui ne dépend pas de nous, c’est notre fortune, notre corps, notre profession, les maladies etc.
Épictète précise que ce qui dépend de nous est sans limite. Nous pouvons ainsi réfléchir à notre guise sans restriction. Cet élément doit être bien souligné, car en général on nous interdit de réfléchir et de penser par nous-mêmes. Cette liberté de la pensée permet de comprendre ce qui ne dépend pas de nous et de le maitriser.
Le fait de ne pas maitriser et de ne pas comprendre le destin, fera désigner des personnes comme responsables d’un malheur qui nous touche. Dénigrer les autres, les rendre responsables de ce qui nous arrive, nous fera rentrer dans une hargne qui risque de se pérenniser et d’anéantir toute volonté de dépasser justement ce malheur et de nous en sortir.
Ne pas en vouloir les autres est une autre idée maîtresse que l’on trouve chez les stoïciens. C’est une idée qui est intéressante et puissante. Imaginons un destin malheureux, dramatique qui s’abat sur quelques humains, dans un premier temps ils refuseront ce sort et en vouloir au destin. Mais, dans second temps, ils en voudront à des groupes d’êtres humains du fait de leur différence, de leur religion, de leur tradition, de leurs coutumes, et ainsi de suite. Sans vouloir réécrire l’histoire, me semble-t-il, ce genre de réaction a conduit à toutes les calamités que l’on connaît tels que la guerre sans merci, le racisme, les génocides et ainsi de suite.
Je vous propose un exemple assez symbolique. Supposons que pour une raison quelconque, un homme issu d’un autre pays vient s’installer dans le vôtre. Cet homme assassine une personne proche de vous. Une réaction courante serait d’en vouloir à toutes les personnes qui proviennent de ce pays et de rentrer dans une haine féroce au point que, si cela était possible, d’assassiner tous les nouveau-nés mâle de ce même pays.
Si je dois accepter et aimer ce fait dramatique, ce n’est pas par soumission, ce n’est par résignation, c’est par clairvoyance.
En partant de ce constat, si je ne peux agir sur les choses qui ne dépendent pas de moi, il m’est permis d’y réfléchir à ma guise et de l’analyser sans passion et sans colère. Je comprendrai alors les raisons qui ont poussé cet homme a assassiné un de mes proches et je l’inscrirai dans une vision globale du Cosmos. Et je saurai les maîtriser pour les empêcher de se répéter.
En conclusion :
le cosmos selon les stoïciens englobe en outre le passé révolu, le présent que nous vivons, et l’avenir. Tout cela constitue un ensemble homogène indissociable dont tous les éléments constitutifs s’emboîtent parfaitement. Si le passé et le présent sont connus, l’avenir demeure toujours une inconnue même s’il est déjà intégré dans le cosmos. Cet avenir reste malgré tout fluctuant et fuyant. L’idée maîtresse des stoïciens et que pour rester dans cosmos harmonieux avec un avenir en conformité avec le présent, une faudrait rejeter les hasards qui surviennent. Il ne s’agit nullement de destin. la notion de destin, de mon avis personnel n’existe pas chez les stoïciens, on devrait plutôt parler de non-destin, ou plus exactement on devrait parler de destin maîtrisé qui s’inscrit dans la vison du COSMOS.
=======================================================================
RETROUVEZ L’INTÉGRALITÉ DE MES VIDÉO SUR YOUTUBE : https://www.youtube.com/channel/UCkh7aO5jVmPCCxPfLuoaPKQ
=======================================================================