de Gerard Way.
Déjà une bande dessinée créée par une rock star, ça interpelle. Parce que oui, Gerard Way est aussi le chanteur du groupe My Chemical Romance. Et de rock, il n’en est pas du tout question dans ce roman graphique (oui, on ne dit pas bédé, ça fait populo), bien que l’esprit soit très rock’n’roll. Quant à ceux qui ne connaissent Umbrella Academy que par l’adaptation sur Netflix, passez votre chemin, ce qui suit pourrait contenir des spoils !
La série dessinée (qui comporte à ce jour trois volumes : La Suite Apocalyptique, Dallas et Hôtel Oblivion) a le mérite de remuer le genre super héroïque.
Parlons d’abord du dessin : Gabriel Bà (qui a aussi illustré dans les titres connus BPRD : 1947) a le trait nerveux, anguleux, qui n’est pas sans rappeler Mike Mignolia (Hellboy notamment). Ce type de trait qui peut rebuter au début donne un ton volontairement dynamique et agressif à l’ensemble.
Le pitch : Quarante-trois enfants naissent simultanément de femmes qui n’étaient pas enceintes en début de journée… De ces quarante-trois phénomènes, Sir Reginald Hargreeves, inventeur excentrique en adoptera sept et formera l’Umbrella Academy, une équipe de super-héros pas comme les autres. Chaque enfant aura développé ses pouvoirs… Oui mais voilà, plusieurs années plus tard, le groupe s’est disloqué, et chacun a ses problèmes personnels…
Sans vous faire la présentation de chacun des sept protagonistes, parlons des différences avec la – très bonne – série. Si cette dernière met bien en avant les problèmes de chacun – les addictions de Klaus, le mal-être de Vanya, la BD les survole pour se concentrer sur l’action. Peut-être cela était-il le prétexte pour en faire une série de 10 épisodes par tome, mais dans tous les cas c’est extrêmement plaisant d’avoir un aspect psychologique à cet état de fait : quand on a été élevé pour être un super-héros, que devient-on quand on ne l’est plus ?
La série apporte aussi un peu de couleur à la famille : quota oblige, les « minorités » ethniques sont représentées. Alors que ni Diego, ni Allison ni Ben ne sont typés dans le roman graphique, ici on a droit à une représentation numérique respectivement d’hispano-américain, d’afro-américain et d’asiatique. Ne manque plus que l’amérindien ?
Le cliffhanger « Sir Hargreeves est un extra-terrestre » n’en est pas un dans la BD qui nous le montre dès les premières pages pour ne plus y revenir par la suite. Comme si cela n’avait pas d’intérêt majeure et était simplement un délire de l’artiste.
De même que les personnages de Hazel et Cha-Cha n’ont pas une si grande place dans la BD, la série en fait des personnages à part entière, pour notre plus grand plaisir. Pour rester dans les digressions scénaristiques, la Commission du Tempus Aeternalis ne dispose pas d’une directrice aussi machiavélique et de sa fille (le quota hindi ?) capable de défaire l’Umbrella Academy.
L’homosexualité de Vanya est une exclusivité Netflix – pour surfer sur « regardez, on est modernes » ou pour devancer le coming-out d’Elliot Page ? Dans tous les cas cela a permis de créer quelques épisodes en plus centrés sur l’enfant autiste aux pouvoirs incommensurables dans la série télévisée…
Enfin, le « Chef d’Orchestre » Léonard Peabody n’est qu’un homme frustré de n’avoir pas pu intégrer l’Umbrella Academy dans la série, ce qui est juste génial, par rapport au méchant diabolique qui fait penser au fantôme de l’Opéra dans la BD, et qui veut constituer un orchestre maléfique pour provoquer la fin du monde (on se demande pourquoi)
Bref si vous avez vu la série, lisez la bédé et vice-versa, on est sur une adaptation très libre et un regard totalement différent sur l’oeuvre, et c’est ça qu’est bien !