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et j'avance dans l'ignorance de ce que je ne peux pas savoir

Publié le 12 janvier 2021 par Paulo Lobo
et j'avance dans l'ignorance de ce que je ne peux pas savoir
Panique à bord

Le regard se promène à travers le paysage, il cherche à comprendre comment ces éléments disparates peuvent s’assembler en un tout harmonieux.

(harmonieux comme le soir couchant)

Certaines choses font mal, quand on y pense. Alors il vaut mieux ne pas y penser. Mais on y pense quand même. C’est fou, tout ce que l’esprit peut entreprendre. Il fait ce qu’il veut, l’esprit.

Enfin, c’est ce qu’on croit. Nous avons l’impression d’une liberté totale, mais nous obéissons à des forces souterraines, tout un dispositif de rouages invisibles et implacables. Nous sommes dans le flux naturel des choses. Nous sommes aspirés par le flux naturel des choses. Nous sommes des marionnettes qui ne voient pas les fils qui les contrôlent.  

Très souvent, nous nous basons sur les perceptions de nos sens pour porter des jugements sur la vie que nous menons, sur les choses qui nous arrivent et sur les êtres que nous rencontrons.

Nous finissions par dire j’aime ou je n’aime pas.

Alors que tout ça est d’une vanité insondable, nous sommes un grain de poussière soufflé par le vent, nous sommes un grain de sable mangé par l'océan. Quand je ferme les yeux, je vois la nuit, je vois des nuits, l’une remplie de bruit et de fureur, de cafés et de jazz, l’autre engloutie dans un silence bourdonnant, assommée par les rues désertées.

Quand on est jeune, on croit que le monde se résume à très peu de choses, il y essentiellement la beauté et la laideur, la bonté et la méchanceté, il y a ces endroits où l’on a envie d’être et ceux où l’on s’ennuie. Il y a les idéaux qui nous habitent et les idéologies qu’on abhorre. 

Avec le temps, tout devient flou. 

L’âge efface beaucoup de traits qui nous paraissaient nets. 

Me revient un texte écrit il y a longtemps. Est-ce toujours moi qui me dilue dans ces phrases ?

Et j’avance à petits pas, dans une sorte de sotte désespérance, dans la douce résignation des jours, dans l’acceptation abjecte des lieux que je verrai jamais. 

Il fut un temps, cela m’aurait déprimé. 

Je ne suis pas là, je ne suis plus là, je ne serai jamais plus là, le temps le temps fait que. Apparemment. Une première couche, une deuxième couche, une troisième couche. Que reste-t-il. De nos évasions. Des bouts de ficelle. Des feuilles déchirées. Des photos fanées. Que reste-t-il de nos années. Des pelotes de fils emmêlés, de petits riens, de vagues déferlantes et de cris dans les ténèbres. Parfois de lentes remontées à la surface. 

Tout cela n’est plus. En pensée, j’essaie d’y revenir. La technologie viendra à ma rescousse. Est-ce que je le veux vraiment ? 

Revivre.   


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