Dans ce document, Barbara Stiegler, professeure de philosophie politique de l’université Bordeaux-Montaigne et responsable du master « Soin, éthique et santé », commence par dire que le Covid19 ne doit pas être considéré comme une pandémie mais comme une épidémie due à la crise écologique, sociale, économique, financière, et qu’en conséquence ce sont ces aspects qu’il faut corriger. En disant le mot « pandémie », on cherche surtout à créer un effet de sidération qui permet ensuite de poursuivre un projet (tout numérique, moins de démocratie, « distanciation sociale », lois d’urgence, etc), par un effet d’aubaine qui ne relève pas d’un plan concerté (nos dirigeants ne cessent de se contredire) mais d’opportunisme. On a mis en place des dispositifs qui ne relèvent pas de la démocratie (conseil scientifique autodéclaré, conseil de défense sanitaire…) et décidé que la démocratie était incompatible avec la situation. Mais puisqu’on ne s’attaque pas aux causes de l’épidémie, puisqu’on a développé tout un langage culpabilisant les rassemblements de toutes sortes (désignés d’un nom anglais : clusters), puisque — l’OMS le dit clairement —, les temps à venir connaîtront d’autres épidémies, le risque est de voir encore reculer la démocratie.
Elle décrit ainsi le « rêve ultime des néo-libéraux : chacun, confiné seul chez soi devant son écran, participant à la numérisation intégrale de la santé et de l’éducation, tandis que toute forme de vie sociale et d’agora démocratique (est) décrétée vecteur de contamination ».
En Pandémie (la majuscule qu'y met Barbara Stiegler en fait un continent imaginaire, mondialisé, une sorte de régime politique), certains vantent les régimes autoritaires, d'où la contestation est bannie, ainsi que le débat.
Contre cela, elle souligne la nécessité de « tenter de nous unir, avec quelques autres, pour constituer des réseaux de résistance capables de réinventer la mobilisation (…) et l’agora ».
En cherchant dans les dictionnaires étymologiques, je constate que démocratie et pandémie sont tous deux construits avec le "démos", c'est-à-dire le peuple, la pandémie visant à contrôler ce peuple, la démocratie à lui donner le pouvoir.