La saison 3 de la série Westworld nous montre enfin le monde extérieur, un monde futuriste froid et aseptisé loin des majestueux paysages de western des saisons 1 et 2. D'un côté, ce changement de décor nous fait gagner en intérêt et en intensité, dans la mesure où la saison 2 tournait largement en rond dans le parc, d'un autre côté on perd la légère originalité de la série pour se retrouver dans une intrigue de science fiction beaucoup plus classique avec des réplicants hôtes face à des humains.
A vrai dire cela fonctionne plutôt bien, surtout après l'ennui poli ressenti tout au long de la saison 2. L'originalité de l'histoire consiste à révéler que, tout comme les hôtes qui hantaient le parc de Westworld, les humains qui peuplent le monde réel n'ont aucun libre arbitre, contrôlés qu'ils sont par une IA en forme de boule rougeoyante qui analyse, probabilise et modélise leurs destinées à grand renfort d'algorithmes. La référence aux réseaux sociaux actuels et aux méthodes marketing destinées à moduler nos subconscients en acheteurs compulsifs est bien sûr transparente.
L'IA en question a été inventée par un certain Enguerrand Serac (joué par un Vincent Cassel plutôt bon), à moins que Serac ne soit qu'un avatar de ladite IA, ce n'est pas très clair au final. Cette IA prend soin d'éliminer tous les humains qui ne rentrent pas dans sa modélisation, psychopathes, poètes et autres gauchistes. L'hôte joué par Evan Rachel Wood, qui était une jeune femme sensible dans la saison 1 est désormais une blonde platine fatale de type Terminatrice, les yeux fixes, déterminée à utiliser l'IA pour libérer l'humanité, à moins que ce soit pour la détruire, son but étant volontairement flou jusqu'à la fin.
Hop, ça ne manque pas d'action, on ne cherche pas sans arrêt à nous retourner les situations avec des twists à n'en plus finir et ma foi, sans que ce soit la série du siècle, on a réussi pendant ces huit épisodes à ne plus penser aux affres angoissantes de notre époque (au moment où j'écris ces lignes: le Covid et Trump). C'est déjà ça de pris. Certaines sous intrigues ne semblent pas résolues et on n'est donc pas à l'abri d'une saison 4. On verra bien ce que ça nous réserve.