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10, 20, 30, 40, 50 : la classe 1 en musique

Publié le 18 janvier 2021 par Storiagiovanna @StoriaGiovanna

Joyeuse année 2021. Qu’elle soit moins mouvementée et plus agréable que cette année que nous venons de traverser. Même si, pour moi, 2020 reste une excellente année, j’avoue qu’elle n’a pas été agréable pour tout le monde. J’espère surtout que la musique continuera à guider vos émotions.

Ca va faire la huitième année que je fais cet article, ce cycle se terminera donc dans deux ans. Ca va aussi faire dix ans cette année que ce blog WordPress existe, puisque les autres plateformes où j’écrivais depuis 2005 ont quant à elles tout à fait disparu.

Je profite de cette introduction pour faire un petit disclaimer : nous avons eu la surprise de voir depuis novembre 2020 une refonte du site Ladies Room. J’ai essayé d’en avertir les copines de l’aventure qui, elles, s’en sont aperçues en janvier 2021. Aucun membre de l’équipe n’a quelque chose à voir avec cette refonte – il faut dire que le site est down depuis janvier 2018 – et il semblerait que cette refonte ait été faite de manière malveillante. Comme quoi, la propriété intellectuelle sur Internet est encore à redéfinir…

Aujourd’hui, nous allons donc parler de l’an 1, de l’année 1971 à l’année 2011. Il serait « facile » de dire que l’an 1, en termes de musiques, est synonyme de renouveaux divers. Nous allons voir que c’est particulièrement le cas en 1971 et en 1981, même en 2011 avec la mutation complète de Coldplay (brrrrrr). Mais nous avons remarqué avec le Mari, pour l’année 1971, que l’année a couronné des groupes de seconde zone des années 1960 (et je me dis que le jour où je vais devoir faire une disco sélective de l’année, il va y avoir des choix cornéliens, tant il y a eu une chiée d’albums cultes).

Allez, c’est parti.

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1971 : 50 ans après

Photo de Jane Fonda - Klute : Photo Alan J. Pakula, Jane Fonda - AlloCiné

Chansons écoutables

Version française : Les Poppys – Non, non, rien n’a changé

Derrière ce tube pop et plein de désillusions se cache la manécanterie de la chorale des petits chanteurs d’Asnières. Certains chanteurs, plus doués que d’autres – dont le soliste Bruno Poilus, qui avait 13 ans à l’époque de l’enregistrement – ont donc été castés en 1970 par le chef de chœur et fondateur de la chorale Jean Amoureux, en compagnie de François Bernheim, qui lui était passé par les Petits Chanteurs à la Croix de Bois. Au total, on a pu observer un turnover de 17 garçons castés et le groupe évoluait selon leur mue. La ligne éditoriale du groupe était inspirée par la pop et le mouvement hippie, c’est pourquoi beaucoup des chansons du groupe tournaient autour du pacifisme, de l’amour, de la religion et de l’écologie. Non, non, rien n’a changé résonne d’autant plus en 2021, alors que l’an dernier a été rythmée par les promesses d’un monde nouveau qui résulterait de la pandémie. Paie ton monde nouveau, bordel.

Version internationale : Led Zeppelin – Stairway To Heaven

« Oui, mais dans ce cas, c’est tellement attendu de ta part ! » Il n’empêche que, lorsqu’il a fallu faire l’arbitrage entre des monstres de chansons telles qu’Imagine de John Lennon, Riders On The Storm des Doors, What’s Going On de Marvin Gaye, My Sweet Lord de George Harrison, Won’t Get Fooled Again des Who (qui aurait très bien répondu aux Poppys) ou même The Ballad Of Sacco And Vanzetti de Joan Baez qui arrivait en finale, j’ai donc préféré choisir la facilité. Parce que cette chanson est ma chanson numéro 2, je ne me lasserai jamais de l’écouter, même ça me fait mal au derche de me visualiser qu’elle a déjà un demi-siècle. Cette chanson issue de Led Zeppelin IV représente pour moi l’éternité, la connexion avec les différents univers et la traversée des mondes. Rien que pour ça, elle aura toujours une place privilégiée dans mon cœur.

Chansons inaudibles

Version française : Patrick Topaloff – J’ai bien mangé, j’ai bien bu

Après avoir commencé comme manutentionnaire, Patrick Topaloff se présente à un recrutement d’animateurs sur RMC en 1966 et se lance donc dans une carrière de chansonnier. En 1970, il est recruté par Claude François pour être produit sur son label Flèche. L’un des premiers tubes produit par cette collaboration est donc cette adaptation d’une comptine qui, depuis, a été reprise par des pontes de la variété française tels que la Bande à Basile et Bézu. Pour vous dire le niveau de nanardesque.

Version internationale : The Byrds – I Wanna Grow Up To Be A Politician

Petite soumission du Mari d’un groupe qui, en 1971, se casse littéralement la gueule avec le seul Roger McGuinn à la barre. En effet, le génie de Gene Clark est parti en 1966, David Crosby est parti traumatiser Stephen Stills, Graham Nash et Neil Young et Chris Hillman s’est barré en 1968. Résultat : alors que le son était très onirique dans les années 1960, cet ersatz de Byrds s’est rapproché d’une bande originale de Lucky Luke avec le désastreux Byrdmaniax qui contient cet hymne républicain.

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1981 : 40 ans après

La Femme d'à côté : Mathilde et le psychiatre | La Compagnie Affable

Chanson écoutables

Version française : Jean-Jacques Goldman – Il suffira d’un signe

1981 en France a vu l’arrivée de saint Jean-Jacques dans la société française. Après avoir galéré quelques années avec des Vietnamiens et – déjà – avec Michael Jones, il met d’accord en une seule chanson. Commence un règne de 20 ans où il va répandre la bonne parole non seulement avec ses propres interprétations, mais aussi en écrivant la plupart des tubes des années 1980 et 1990. Découvert par Marc Lumbroso alors qu’il évoluait encore dans Tai Phong, ledit producteur s’est dit que c’était péché de le laisser galérer tout seul. Même si le premier album éponyme n’a pas contenu autant de succès que les albums suivants, Il suffira d’un signe a servi de locomotive pour l’album qui se vend à 330.000 exemplaires. J’en connais un qui me trolle depuis le début, et je sens que je vais le mettre à TERRE

BRULÉE

AU VENT

DES LANDES DE PIERRE…

Version internationale : Kim Carnes – Bette Davis Eyes

Au départ était une chanson écrite en 1974 par Donna Weiss et Jackie DeShannon pour un album sorti par cette dernière en 1975. Plusieurs démos ont émergé, mais une version jazz a été fixée pour l’album, au grand regret de DeShannon. Donna Weiss propose donc la démo rock à Kim Carnes, une Californienne autrice-compositrice-interprète qui travaille avec son mari et qui enregistre ses propres compositions depuis 1971. Ne manquait plus qu’un arrangement de synthétiseurs assuré par Bill Cuomo et le tour est joué. Si Kim Carnes a fait un carton plein avec cette version, au point que même Bette Davis ait salué l’hommage qui lui était rendu, elle a préféré retourner à une carrière country plus confidentielle de 1983 à 2004.

Chansons inaudibles

Version française : Pit et Rik – La cicrane et la froumi

Derrière ce duo sous LSD se cachent deux anciens GO du Club Med, Frédéric Bodson (Pit), Liégois, et Michel Saillard (Rik), d’Argenteuil. Dès 1978, ils décident de monter un duo comique et de se produire dans des cafés-théâtres, comme le Théâtre des Blancs-Manteaux. C’est alors que Stéphane Collaro les repère pour intégrer Cocoricoboy, dont Michel Saillard a été un des auteurs réguliers entre 1981 et 1993. La cicrane et la froumi, un de leurs plus grands sketches, a été vendu à 2 millions d’exemplaires. Preuve qu’on est allé très loin dans l’humour français.

Version internationale : Lionel Richie & Diana Ross – Endless Love

On va encore me dire que je m’acharne sur Lionel Ritchie, mais quand même, quel chanteur dégoulinant. Au départ était un film, Un amour infini de Franco Zeffirelli, qui réunit la déjà connue Brooke Shields et le débutant Tom Cruise, qui avaient alors tous les deux 18 ans. L’histoire raconte la passion dévorante entre deux adolescents, que les parents de la jeune fille essaient d’arrêter à tout prix. L’amoureux éconduit brûle la maison des parents et se fait interner. Yay. Si ce sommet de pathos a heureusement bien bidé, Endless Love, inclus sur la bande originale du film, a par contre bien cartonné au point de recevoir l’Oscar de la meilleure chanson de film en 1982.

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1991 : 30 ans après

Épinglé sur Fitness

Chansons écoutables

Version française : Jil Caplan – Tout ce qui nous sépare

Valentine Guillen-Viale, étudiante au cours Florent en 1987, rencontre Jay Alanski, producteur et compositeur. Elle bifurque alors vers une carrière musicale qu’elle poursuit encore à l’heure actuelle. Si elle se fait remarquer à l’époque de la sortie de son premier single, elle va vraiment exploser au printemps 1991 avec son album La charmeuse de serpents qui contient, entre autres, ce single très agréable à écouter. Le succès qu’elle connaît alors, avec ses 300.000 exemplaires vendus, lui permet d’obtenir en 1992 la victoire de la Musique du meilleur espoir féminin. Depuis, elle mène son petit bonhomme de chemin : si elle a su rester dans une certaine sphère médiatique dans les années 1990, les années 2000 l’ont menée vers des projets plus confidentiels.

Version internationale : Crystal Waters – Gypsy Woman

« Mais il y avait Innuendo ! Et The Show Must Go On ! » Oui, bah j’avais envie de regarder 1991 par le prisme du renouveau sonore, et pas forcément la mort de la Reine. Mais la tentation a été grande de faire aussi dans le renouveau du rock avec des gros classiques sortis en 1991 (le Black Album de Metallica, Nevermind de Nirvana, Out Of Time de R.E.M., Achtung Baby de U2). J’ai voulu ici retenir une chanteuse sous-estimée, qui a fait deux hits dans sa carrière et qui reste confidentielle depuis. C’est en écoutant des titres comme Gypsy Woman et I’ve Got The Power qu’on avait compris l’orientation que prendrait la musique électronique dans les années 1990. Et puis merde, quel titre aussi !

Chanson inaudibles

Version française : Lagaf – La Zoubida

Le Mari à côté : « C’est pire que dans mes souvenirs… » Du haut de nos 7 et 8 ans, nous avons juste vu la parodie du Pont de Nantes. Mais maintenant qu’on travaille avec les enfants des blédards caricaturés dans la chanson, nous avons pris conscience à quel point la chanson a fait beaucoup de mal à leurs parents. Je disais pour 1981 que l’humour français était tombé bien bas, 1991 a prouvé qu’on pouvait faire bien pire.

Version internationale : Michael Bolton – When A Man Loves A Woman

Quand on connaît la version pleine de finesse de Percy Sledge (1964), on ne peut que devenir diabétique devant la version de Michael Bolton et sa coupe mulet des enfers. Si, en Europe, il a dû sa découverte à cette reprise, il avait déjà vingt ans de carrière aux Etats-Unis, dont dix en tant que chanteur de métal. Loin de se limiter à faire des reprises mielleuses des tubes des années 1960 pour faire mouiller la gaine de ta grand-mère, il a aussi exercé son talent en tant que chanteur d’opéra. Il a peut-être vraiment des goûts de chiotte, mais reconnaissons quand même son éclectisme de carrière.

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2001 : 20 ans après

https://imgr.cineserie.com/2020/07/le-fabuleux-destin-d-amelie-poulain-arrive-sur-netflix-qui-a-failli-incarner-amelie-e1595673679717.png?imgeng=/f_jpg/cmpr_0/w_1200/h_900/m_cropbox&ver=1

Chansons écoutables

Version française : Noir Désir – À l’envers à l’endroit

Issu de Des visages des figures, sixième album studio du groupe bordelais, cinq ans après 666.667 Club qui le porta au rang de culte, Bertrand Cantat et ses acolytes abordent les années 2000 en étant plus désabusés et moins énervés. Ca a donné des titres aussi oniriques que Le vent nous portera, en collaboration avec Manu Chao, une chanson bizarrement visionnaire qu’est Grand Incendie (on rappelle que l’album est sorti le 11 septembre 2001), mais surtout cet extrait de colère sourde sous des airs de comptine. Très en verve pour critiquer la suprémacie de certains groupes capitalistes (Il y là l’eau le feu le computer Vivendi et la Terre), les divers mécanismes de domination (La Belle au bois dormant a rompu les négociations, unilatéralement le Prince engage des protestations) et enfin souligner les changements de polarité qui se jouaient à l’époque (Autour des amandiers fleurissent les mondes en sourdine), je trouve qu’À l’envers à l’endroit laisse entrevoir une certaine mue du mode contestataire.

Version internationale : System Of A Down – Chop Suey!

Alors oui, dire que ce morceau est sorti il y a vingt ans représente un taquet dans la face de ce genre-là :

Hey guys, wanna feel old?
I'm 40.
You're welcome.

— Macaulay Culkin (@IncredibleCulk) August 26, 2020

Chop Suey!, c’est la chanson de ma deuxième année de DEUG, l’année où j’ai découvert la liqueur de gland, l’Internationale au Mayflower, les manifs contre Le Pen, les potos qui commandent du Dom Grégoire en after-manif, mais surtout SOAD et Muse. Autant vous dire que ceux qui pleurent sur leur quarantaine, je les comprends du haut de mes presque 38 ans. Mais surtout, c’est le boss ultime du karaoké à la Cantada II. Je ne dis pas que je suis nostalgique, mais quand même.

Chansons inaudibles

Version française : Les Lofteurs – Up & Down

Alors moi, la première, avec ma sœur, j’étais à bloc sur Fun Radio quand Jean-Edouard et Loana ont niqué dans la piscine, on était à bloc tous les soirs à regarder cette merde, bah parce que nous avions 18 et 22 ans – dans le cœur de cible, donc – ; malgré tout, même à l’époque, nous n’avions pas compris ce genre de choses. On s’est dit : Ouais les gars, ils s’enferment 2 mois, on va regarder leurs pets, leurs fautes de français, leurs engueulades, leurs coucheries, leurs larmes, ça ne va pas être intéressant ! Et si on faisait une chanson à la con ? Résultat : on se retrouve avec un sketch de Nous C Nous cinq ans après, mais dans un format premier degré. Vous trouvez que les gosses de 2021 sont cons au lycée ? Il n’y a pas à chercher, vu ce qu’on regardait.

Version internationale : Christina Aguilera, Mya, Lil’Kim & Pink – Lady Marmalade

Alors oui, on va dire que je tire à balles réelles sur les reprises dans cet article. Mais j’estime que cette version est juste insupportable. Réunir des chanteuses débutantes connues pour leur capacité à pousser les décibels et des rappeuses plus rouées que Nicki Minaj et Cardi B pour faire une reprise de ce petit bonbon de Patti Labelle, ça fait mal. Surtout que l’iconographie devait correspondre au Moulin Rouge de Baz Luhrmann sorti la même année et dont cette reprise a intégré la bande originale. Ca se voulait sexy, c’était terriblement gênant. Mais au moins, notre génération a été préparée à un clip aussi bariolé jusqu’à la gueule qu’Anaconda.

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2011 : 10 ans après

Black Swan: miroir, miroir, dis-moi qui est la plus belle? | Nightlife

Chansons écoutables

Version française : Hubert-Félix Thiéfaine – La ruelle des morts

Hubert-Félix Thiéfaine, pour son seizième album studio, a frappé un grand coup. Avec cette locomotive en rotation lourde qu’a été La ruelle des morts, il a réussi à se placer au premier plan au point de recevoir les seules Victoires de la musique de sa carrière en 2012 pour Suppléments de mensonges. La recette n’a pas changé d’un iota depuis 1978, sauf qu’à ce moment donné de sa vie, je pense que Thiéfaine a été touché par la grâce après quelques années d’errance poétique et de collaborations avec Paul Personne.

Version internationale : Metronomy – The Bay

J’ai dit en 2011 qu’English Riviera était mon album de l’année. Et je ne change pas d’un iota dix ans après, bien que le Mari m’ait apporté sur un plateau Lana Del Rey, Noel Gallagher et Foster The People. Malgré tous les souvenirs y qui sont liés, cet album, et en particulier ce titre représente cette bulle de joie un peu éphémère qui m’a permis de transiter entre les changements de paradigme émotionnel que je vivais.

Chansons inaudibles

Version française : Keen’V – J’aimerais trop

Et oui, la Normandie en 2011 ne nous a pas gratifié que d’OrelSan, pour mon plus grand malheur. En termes de musiques urbaines, on s’est également cogné ce natif de la Seine-Maritime qui s’est dit que c’était une bonne idée de confesser ses fantasmes sur Valérie Bègue. Et en termes de musique tropicale, on était déjà ULTRA-gâté à l’époque avec Magic System, Collectif Métissé et Moussier Tombola, si en plus les babtous s’y mettent…

Version internationale : One Direction – What Makes You Beautiful

Car oui, on n’avait pas assez souffert des boys et girls bands dans les années 1990. Donc avant que les Coréens viennent tout défoncer, on a eu droit à cet avatar anglais né en 2010 des griffes crochues de Simon Cowell. Et avant qu’eux même n’en viennent à piller tout l’héritage rock des années 1970 pour nous faire vomir par les oreilles, ils ont avancé masqués avec ce premier single plus sucré qu’une production avec les Jonas Brothers. Heureusement qu’ils ont splitté en 2015, parce qu’ils commençaient à devenir VRAIMENT insupportables.

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À bientôt pour de nouvelles aventures musicales.


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