Il y a presque 3 ans je vidais mon sac sur le blog et je reconnaissais que j'étais " une maman qui crie ". Spoiler : je le suis toujours, même si beaucoup moins. Alors, qu'est ce qui a changé depuis ?
A lire aussi : la maman en colère qui crie tout le tempsDéjà, fait non négligeable, j'ai 3 enfants. L'arrivée de Bébéloute et surtout l'acceptation d'une grossesse surprise, d'un troisième bébé RGO, des débuts un peu compliqués de l'allaitement m'ont remis les pieds sur terre et forcée à revoir mes priorités. Et surtout, surtout, j'ai du changer de regard sur moi-même et enfin m'autoriser à me dire que je n'étais pas si nulle en fin de compte.
Alors oui c'est bien beau de parler d'acceptation de soi, de vous dire d'être bienveillants avec vous-même, mais soyons honnêtes : c'est plus facile à dire qu'à faire et je ne détiens pas la vérité absolue. J'ai moi-même mis des années à évoluer et j'ai encore énormément de chemin. Je pensais qu'il fallait lutter contre moi-même et contre qui j'étais, qu'il fallait CHANGER. J'ai dépensé beaucoup d'énergie pour ça, mais peut-être qu'il était nécessaire d'en passer par là, je ne sais pas.
Je n'ai pas changé, je ne me suis pas " bonifiée avec le temps ", je n'ai pas eu de révélation quasi divine sur la parentalité : je commence juste à me dire qu'en fait, accepter mon histoire et qui je suis vraiment est plus simple que vouloir me forcer à changer pour devenir quelqu'un que je ne suis pas (et que je ne serai jamais). A quoi bon ?
Je suis une hypersensible, une maman qui crie, une mère très imparfaite, juste humaine, juste moi. Je m'énerve, je m'emporte, je pleure, je m'excuse et je réessaie. Parfois je lâche l'affaire, parfois je ne fais pas ce qu'il faudrait, parfois je sais au fond de moi ce qu'il faut faire avec mes enfants. Et souvent je n'en ai AUCUNE IDEE. Je fais comme je peux, et on verra. J'ai mes valeurs et principes de bases et j'essaie de juste me fier à ça, en écoutant ma fatigue, mes envies, mes sentiments autant que ceux de mes enfants.
Egoïste, c'est le mot qui revenait en boucle dans ma tête avant quand je faisais tout ça. Quand je m'écoutais, quand je laissais de la place à mes émotions et que je n'étais pas 100% disponible tout de suite pour celles de mes filles. Quand je prends du temps pour moi, je ne vous cache pas que c'est encore la première pensée qui me vient. Et puis je pense à la fameuse image du masque à oxygène en avion. La réalité c'est que tant que je n'ai pas écouté mes émotions qui débordent, tant que je n'ai pas accepté que oui, je compte autant que n'importe qui d'autre, je ne suis pas à même de m'occuper comme je le voudrais de mes filles.
J'ai besoin d'être égoïste et de réapprendre à me faire passer en premier de temps en temps. Et ça ne fait pas de moi une mauvaise mère ! Sinon, toute la frustration, la fatigue physique et émotionnelle polluent tout et je me retrouve à crier non stop.
Alors c'est sur, avec 3 enfants, vas-y trouver du temps pour prendre soin de toi... Mais on y vient.
Je sais que je me focalise souvent sur des tâches et détails qui pourraient passer après le reste : la vaisselle dans l'évier, le linge à ranger, un coup de fil à passer... Bien sûr qu'il faudra le faire à un moment donné mais j'ai accepté de laisser trainer. Autant le linge qui déborde que l'administratif qui me gonfle.
Et personne n'est mort.
De toute façon, pendant les premières semaines avec bébé, je n'ai pas eu le choix. Et tout le monde a fait ce qu'il pouvait quand il le pouvait. La maison était en désordre, les repas n'étaient pas équilibrés, les devoirs étaient faits sur un coin de table cracra ou par terre avec un bébé en écharpe qui hurlait : le chaos total, et pourtant ! Je ne me sentais pas aussi submergée ou larguée que j'aurais pu l'être. J'ai dit " tant pis ".
Et bien souvent, on fait l'impasse sur des trucs qui m'auraient semblé " indispensables " avant pour que je puisse prendre du temps pour moi : un bain chaud, une série (vive le casque sur les oreilles), une balade sans enfants pendant qu'un autre gère à ma place. Je me rends compte qu'au fond, ces choses sont surtout liées au regard des autres : sauf qu'une fois ma porte fermée, ce que je fais chez moi ne regarde que moi. Personne d'autre que nous n'élèvera nos enfants et personne ne le fera mieux que nous.
Ce n'est clairement pas parfait et ça ne le sera jamais. Je râle encore très souvent sur le linge qui traine, les horaires non respectés (mes enfants ne seront jamais au lit les dents brossées à 21h pile, mais il y a des choses plus graves dans la vie !), le fait que tout n'est pas fait comme je le veux parce que, fatalement, je ne peux (et ne veux !) pas être partout. J'accepte ce côté de ma personnalité qui veut toujours tout contrôler et bizarrement, ça me fait lâcher du lest. J'accepte d'être une maman qui crie de temps en temps, je n'en aime pas moins mes enfants. Je ne dis pas qu'il faut crier sur ses enfants, hein ! Juste que ça arrive chez tout le monde. Vos commentaires et messages suite à mon fameux article d'il y a presque 3 ans me l'ont bien montré.
Je crie et puis je me demande pourquoi j'ai crié. La réponse est souvent la même : la cocotte minute a débordé, je ne me suis pas écoutée, j'ai poussé trop loin ou je suis tout simplement trop fatiguée. Parfois il n'y a pas de réponse, je m'excuse juste et on continue. Et c'est normal. Souvent je suis en colère et je le reconnais, je leur dis clairement. Le parent lisse et calme tout le temps n'existe pas, ou alors je ne le connais pas. Nos enfants non plus ne sont pas parfaits, ils crient aussi, s'énervent, pleurent, exactement comme nous. Et c'est tout aussi normal de se sentir agacé, énervé, fatigué, perdu face à tout ça. Sans vouloir rentrer dans l'analyse, ça nous renvoie aussi à nos propres réactions et aux émotions qu'on s'interdit d'extérioriser.
Je finirai la dessus : je ne vous donnerai jamais de conseil miracle pour être une maman qui ne crie pas. Parce que je ne sais pas comment y arriver. Je crie moins, certes, mais ça dépend des moments. Peut-être que dans 6 mois je vous dirai que c'est à nouveau ingérable et que je m'en veux. Je dirai juste ceci : vous êtes aussi importants que vos enfants, et vos émotions/besoins aussi. Ne les minimisez pas, autorisez-vous l'égoïsme et trouvez votre façon à vous d'être un " bon " parent.
Vous l'êtes d'ailleurs sans doute déjà.