Il y a de cela quelques années, ma défunte grand-mère lorraine, m’offrit tout droit sorti de son coffre à merveilles, un vase polychrome en cristal. Elle savait que mon âme de collectionneuse et ma passion de la décoration seraient ravies de posséder un tel objet et surtout que je m’empresserai de l’exposer sur le coin de la grande cheminée de mon salon champenois.
De retour dans ma modeste chaumière, j’observais d’un peu plus près cet héritage familial. Quelle ne fut pas ma surprise d’ apercevoir une signature sous le pied de cristal de ce vase élancé. Discrète, mais bien présente, la signature que je tentais de déchiffrer commençait pas un D majuscule. Sans doute élimé par le temps, le reste de la signature demeurait presque invisible.
Déterminée à connaitre l’identité et la provenance de ce vase de famille, j’entrepris alors quelques recherches. Je ne me doutais pas à cet instant que je m’engageais dans la découverte d’un patrimoine artisanal français des plus prestigieux.
Je tergiversais avec la signature de mon vase :
Doum ? Damn? Daim ?
Je tapais ces mots-clés dans le moteur de recherche google et bientôt la révélation se produisit.
J’avais entre les mains, un vase de la très célèbre cristallerie Daum !
Une histoire qui se cristallise !
Daum fut fondée en 1878 en France, précisément à Nancy. Jean Daum, son fondateur refuse de continuer à vivre en territoire annexé par les Allemands ( Bitche) et s’installe à Nancy. Il y rachète une manufacture de flaconnage au bord du gouffre. Ses fils après sa mort reprendront le flambeau.
Il commencèrent avec quelques modèles sans prétention puis firent appel à des techniques plus pointues pour créer en moins de 25 ans, plus de 300 références. Il est temps alors de recruter de vrais artistes. Jacques Grüber sera le premier. Il se voit confier la création de pièces qui auront la chance d’être présentées lors de la très prochaine exposition universelle de Chicago (1893). Sans mauvais jeu de mot, c’est la goutte qui fait heureusement déborder le vase Daum. Désormais la marque est reconnue dans le monde très restreint des industries d’art.
D’exposition en exposition; les distinctions affluent. Avec comme couronnement royal de se voir récipiendaire du 1er grand prix de la verrerie d’art lors de l’exposition universelle de 1900.
Une nouvelle technique développée par Almaric Walter, commence aussi à faire des amateurs. Il s’agit de la pâte de verre.
Voici un diaporama de pièces datant du début du XXème siècle
Le monde et les mentalités changent en ce début d’un siècle nouveau. L’entreprise décide alors d’orienter sa production vers l’Art déco dont le public est très friand. Ses innovations ne l’empêchent pas de continuer à participer à de prestigieuses expositions.
De grosses commandes permettent à l’entreprise familiale Daum de survivre à la crise des années 30 :
- 90000 pièces de verrerie et cristal commandées par la Compagnie Transatlantique viennent équiper le gigantesque et rapide paquebot « Normandie ».
Après la 2ème guerre mondiale, la manufacture passe par une période de production en grande série avec la sortie de verres à usages divers : verres à champagne, à bière , à whisky etc. C’est aussi à cette période qu’un nouveau cristal beaucoup plus brillant et transparent est mis au point par l’arrière petit-fils de Jean Daum. Abandonné depuis quelques temps, le procédé de la pâte de verre reprend du service.
La fin d’une histoire de famille brillante
Restée dans la famille depuis sa fondation, la manufacture connait quelques difficultés. Au début des années 80, elle se voit dans l’obligation de céder une partie de ses pièces au Musées des beaux- Arts de Nancy pour éviter la banqueroute. En 1885, l’entreprise sort du giron de la famille Daum et subi plusieurs rachats.
Et dire que je possède une pièce sortie des mains de l’un des plus grands verriers reconnus mondialement. J’apprends même que l’expertise Daum est dorénavant inscrite à l’Inventaire du patrimoine culturel immatériel en France.
D’autres grands noms de la verrerie
On aurait pu croire que je me contente de posséder une pièce issu du fleuron de la cristallerie françaises, cependant mes recherches m’ont fait découvrir d’autres entreprises verrières tout aussi prestigieuses. Me voilà désormais atteinte de cristallophillie. Il me faut maintenant me procurer un objet issu des ateliers de la manufacture de Baccarat.
Cette entreprise ancestrale, lorraine, tout comme Daum, possède des origines encore plus anciennes que Daum. A sa genèse, c’est Louis XV qui en 1764, donna la permission de fonder une verrerie de verre plat dans la ville de Baccarat en Lorraine. La manufacture fabrique des lustres, des verres et des objets et reçut elle aussi de nombreuses distinctions.
Le choix de ma nouvelle pièce de collection va être difficile !
Et puis pour parfaire ma collection cristallophile, j’envisage maintenant l’achat de quelques pièces représentatives de l’art de la verrerie des Cristalleries Saint-Louis. Il s’agit d’un autre grand nom de la tradition de l’artisanat du verre et du cristal de Lorraine (sans mes sabots dondaine !!). Encore plus ancienne que ces compatriotes, cette verrerie trouve ses origines en 1586 au cœur des Vosges du Nord, précisément à Münzthal.
J’hésite entre ces 2 modèles…lequel me conseillez-vous ?
L’article Un trésor de cristal est apparu en premier sur Culture générale.