Je continue de sortir de la PAL des auteurs sud-américains avec ce roman de Jorge Amado. J'ai eu moins de plaisir à le lire que Gabriela, girofle et cannelle mais j'ai retrouvé une ambiance farfelue et foisonnante sympathique.
Dans ce roman, il y a deux temps, ou deux romans. Le roman du narrateur, qui raconte la venue du grand Levenson, prix Nobel de littérature à Bahia et le roman d'Archanjo, un obscur écrivain de Bahia que Levenson tire de l'oubli.
Le narrateur nous montre la folie de la récupération de Pedro Archanjo Ojuoba par tous les intellectuels brésiliens, les publications, les événements et toute l'agitation autour de la valorisation de l'écrivain oublié - auteur de 4 livres dont un livre de cuisine - grâce au mot d'un américain. Chaque journal veut publier les meilleurs articles, mais personne ne sait plus qui est Archanjo, mort seul et pauvre comme Job.
Dans le même temps, ses recherches retracent la vie d'Archanjo : d'abord sa mort, seul dans une rigole de la vieille ville puis son coup d'éclat lors de l'Afoshe (un carnaval du candomblé, religion syncrétique entre catholicisme et animisme) de 1895 puis d'autres éléments de sa vie, en pointillés : sa rencontre avec Kirsi, la finlandaise, ses amours avec Dorotéia, son amitié avec Lidio Corro, graveur de miracles, son travail d'appariteur à la fac de médecine, son plaisir d'écrire et d'apprendre, sa lutte pour la miscégénation... mais surtout son gout pour les histoires, les femmes et la cachaça !
C'est foisonnant, c'est riche, ça part un peu dans tous les sens entre Archanjo tel qu'il fut, défenseur du métissage en amour comme en religion, et tel qu'il est récupéré. C'est plein de vie !