Conte Jouin n°6
A l'occasion de la Journée de la Femme, je ressors ce poème écrit en 1968 ou 1969. Il m'avait été inspiré par la naissance du mouvement MLF... J'étais alors tout jeune et, n'étant pas très entreprenant au niveau de la séduction, je me réfugiais derrière une misogynie affectée. Disons que j'aimais bien provoquer... Il faut replacer ce texte plein de candeur dans le contexte post soixante-huitard. J'ai bien conscience qu'il date et qu'il ne serait plus présentable aujourd'hui. Il ne faut donc le considérer que comme un produit "vintage".
Les Taupes
Vot’ mouv’ment de libération
C’est vraiment de l’aberration
Quant à votre émancipation
Elle tourne à l’obstination
Comme tout ce que vous tentez
Vous allez bien sûr le rater
Il ne faut pas vous entêter
Vous frisez la stupidité
Les taupes, les taupes
Vous êtes bien comme vous êtes
Les taupes, les taupes
A quoi serviraient des lunettes
Les taupes, les taupes
Aveugles vous serez toujours
Les taupes, les taupes
Vous ne verrez jamais le jour
Vous voulez croire au Pèr’ Noël
Et marcher sans notre tutelle
Votre rôle c’est d’être belles
Et d’être pour nous des femelles
Au mieux vous serez nos amies
Mais faut pas trop avoir d’envies
Vous ne serez, de votre vie
Amazones de mère en fille
Les taupes, les taupes
Vous n’épatez que vos gal’ries
Les taupes, les taupes
Avec vos mines de furies
Les taupes, les taupes
Fini le temps des Walkyries
Les taupes, les taupes
Il y a tous les mâles qui rient
Nous sommes votre chien berger
Nous vous aidons à traverser
Et dès qu’il y a du danger
Contre nous vous vous blottissez
Vous fumez maint’nant plus que nous
Vous conduisez comm’ des cass’-cous
Vous vous soûlez même entre vous
Et vous croyez être dans l’ coup
Les taupes, les taupes
Bientôt, avec tout’ ces manières
Les taupes, les taupes
Vous s’rez tout’ seul’ dans vos tanières
Les taupes, les taupes
Alors vous crierez au secours
Les taupes, les taupes
Et il n’est pas sûr qu’on accoure
Même en portant des pantalons
Vous n’ s’rez des étalons
Quant à nous, nous ne jouerons
Jamais chaqu’ mois à cach’-tampon
Votre condition féminine
N’a pas besoin de pantomimes
Soyez mignonnes et câlines
Comme au bon temps des crinolines
Les taupes, les taupes
Vous avancez à l’aveuglette
Les taupes, les taupes
Cessez d’ jouer les suffragettes
Les taupes, les taupes
Un jour, pour faire votre fête
Les taupes, les taupes
Vous n' trouv’rez plus que des tapettes