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Et pourquoi moi je dois parler comme toi ?, écrits bruts (et non bruts) réunis par Anouk Grinberg (éd. Le passeur)

Publié le 14 mars 2021 par Onarretetout

etpourquoi

Elle dit qu’il faut écouter ces voix et moi, j’écoute sa voix, toujours reconnaissable même après plusieurs années. Elle était sur une scène de théâtre. C’est de ce lieu que je l’entends encore, même si c’est à la radio ou dans un autre enregistrement. Anouk Grinberg donne sa voix aux textes d’hommes et de femmes considérés comme fous. Elle dit cela de sa mère : « On l’a mise dans des endroits pour fous, le désespoir a prospéré avec sa litanie de délires ». J’entends la voix d’Anouk Grinberg et voici, voix-ci, qu’elle dit les mots d’Ernst Herbeck, Romain (de Lille), Justine Python, Sylvain Lecocq, Babouillec, Louis Soutter, et d’anonymes, et d’autres encore, dont quelques poètes reconnus comme tels dans les livres de la littérature (Tzara, Michaux, Supervielle, Breton, Éluard…). Les textes se mêlent et sort d’au milieu d’eux une sorte de vérité, pas celle des économistes, pas celle de la conformité. Une vérité profonde. Celle de celui qui compte et énumère les os de son corps, de celle qui déclare avoir 129 ans, de celle qui écrit « la fleur des vignes pousse et j’ai vingt ans », de celui qui écrit « Rester vivant. Un petit égaré. Son espérance ». Ceux qui posent des questions, celui qui écrit « Je veux vous parler de mon pauvre corps ». Autant de personnes enfermées, reconduites après chaque sortie à l’hôpital psychiatrique.
« Les visions débordent. L’enfance est partout. Ils parlent couramment la langue du chaos. (…) En attendant de comprendre, je tourne autour et avec eux, je me sens vivante », écrit Anouk Grinberg.

lesmots

(ci-contre, une feuille de Michel Dave)


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