C’est un livre de moins de 100 pages mais il nous entraîne loin, bien loin dans les temps, dans les mots. Raharimanana tire le fil avec une aiguille de lumière, remonte à la source des mythes. Au commencement… Le conteur est un enfant mort-né, et tout aussi bien un ancêtre. Il raconte comment a été créé ce monde, un principe mâle, un principe femelle, dans les plantes, les animaux jusqu’aux êtres humains. Des conflits, des rivalités. « Je regrette ce monde qui me fait dire nous tout en excluant les autres. (…) Chacun est en tous et tous sont en chacun. (…) Nous sommes là. Dans le jazz. Dans le rock. Dans la musique répandue à travers le monde. Dans la danse. Dans l’architecture. Nous sommes dans la langue même de ceux qui ont colonisé, dans leur littérature, dans leur quotidien. Dans leur alimentation. Dans leurs médications ». Un peu plus loin : « Comme nos anciens maîtres, (…) avons confondu les biens et le bien ».
Il y a quelque part un arbre. Au pied de cet arbre, une vieille femme. Nous y revenons sans cesse. Le conteur, ancêtre et enfant non né, qui naîtra une autre fois, traverse le temps et l’espace, de l’eau, de la terre, jusqu’au ciel. Sur son chemin, une toile d’araignée qu’il restaure après qu’elle l’ait autorisé à passer. C’est l’idée de faire le monde ensemble et pas les uns contre les autres. C’est la maison où chaque visiteur apporte son attention et son savoir-faire pour que cela profite au visiteur suivant, et non pour en prendre possession. C’est le rouet de Gandhi, le Dan Fani (tissu du Burkina Faso) de Thomas Sankara, pour n’être pas « l’esclave de ce que les autres produisent ».
Et transmettre, pas seulement pour ses propres enfants mais pour « les enfants de tous les Vivants ».
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble