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Exposition “Paysages liquides: entre art et terroir” – Rivesaltes

Publié le 19 mars 2021 par Philippe Cadu

Avec Daniel Caballero, Núria Duran, Joan Fontcuberta, Kika Nicolela, Raphaëlle Roumagnac, Serge Saunière, Muriel Valat-B, Félix Valdelièvre, Fabienne Verdier, les artistes du collectif Agit'Hé, les artistes du Festival Inund'Art,

Nous marchons sur les fonds marins. Les empreintes des coquillages sur nos calcaires, nos marnes et nos schistes racontent l'époque où notre terre était océan. Le paysage éternel n'est que question de temps.

Le paysage en arts plastiques rejoint la discussion sur l'image. Ce qu'on voit sur une image, est-ce bien la réalité ? Ou est-ce plutôt une construction qui offre une certaine perspective sur le réel ? Le paysage, ce mot inventé par les artistes et les écrivains du moyen âge, décrit plutôt le monde vu sous la perspective de l'homme.

La nature qui précède l'homme est un obstacle à dompter. On subit le paysage pour ensuite le contempler, la nature étant synonyme de tout ce que l'homme met en dehors de son monde civilisé.

Le paysage est liquide, changeant au cours des ères géologiques autant qu'au long du petit temps de l'homme et de son labour. Le terroir, mot cher à tous les gens dans notre coin du monde, n'est que la rencontre entre la main de l'homme , son travail sur la nature domptée, et cette nature qui s'insurge et qui change. Comme si les viticulteurs faisaient quotidiennement l'expérience de ce que les artistes ont inventé : la nature perçue sous la perspective de l'humain, la nature cadrée par le regard de l'homme.

L'homme qui apprivoise la nature le fait pas à pas, un cadre après l'autre, se laissant imprégner par le paysage jusqu'à le posséder dans ses viscères.

Quand le paysage se liquéfie, au long d'une marche, des saisons, des années ou des ères, nous sommes mis devant l'impermanence de toute chose. Le paysage - l'idée d'un monde figé par excellence et qui s'offre à notre regard et à notre appréciation - c'est liquide.

Le thème du paysage dans l'art à ceci en commun avec le thème de l'image. C'est un élément du réel figé comme une image qui elle, capture et cristallise un point de vue humain. En cela, l'intérêt des artistes est mobilisé dans la mesure où l'image c'est un montage, un artifice, un collage, une fiction. L'artiste est pour l'image ce que le vigneron est pour le vin : un assembleur.

Mais qu'en est-il quand l'image, le paysage ou le vin ne s'assemblent pas ou plus dans quelque chose de stable, de rassurant et de cohérent ? Ce perpetuel mouvement d'un paysage liquide peut paraitre une menace alors que, en suivant le pas des artistes - et des vignerons, d'ailleurs - on constate qu'il n'est que sa propre nature. Dans la nature, il n'y a pas de paysage sauf pour le besoin humain de figer le mouvement pour l'apprivoiser.

Le paysage c'est l'artifice de l'homme pour concevoir une nature qui le dépasse toujours, d'autant plus qu'il en fait partie. L'inconscient de la nature, l'idée de paysage le dévoile : c'est l'homme et son besoin de figer la vie sous une perspective. L'inconscient de l'homme : la nature et son perpétuel mouvement.

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