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Je suis une fille sans histoire, d'Alice Zeniter (éd. de l'Arche)

Publié le 23 mars 2021 par Onarretetout

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Alice Zeniter nous entraîne sur les chemins du récit. Tout est récit dans l’expérience humaine, et même récit de récits. Par exemple, un fait divers qui alimente une fiction « basée sur des faits réels » n’est connu de l’auteur.e de la fiction que par le(s) récit(s) qu’on lui en a fait. Et des récits, il y en a depuis les cavernes préhistoriques. C’est Ursula Le Guin qui le dit : quand bien même à cette époque, les hominidés se nourrissaient essentiellement de céréales et autres cueillettes, c’est le récit des chasseurs qui s’est imposé, et qui dit chasseurs dit héros, dit armes, dit tuer, dit violence… C’est pour ça, selon Ursula Le Guin, qu’il faudrait plutôt aller vers la « fiction-panier », le panier étant selon elle le premier élément culturel de l’humanité. Mais revenons à Alice Zeniter. Son livre se poursuit avec un atelier d’écriture animé par Aristote lui-même dirigeant (c’est sans doute le mot qui convient) Périclès, une certaine Marguerite et même Friedrich parmi une dizaine d’écrivants. Et puis la voilà dessinant un « schéma narratif », et puis un autre, triangulaire. Vous n’allez pas vous y perdre : elle est toujours là, bien visible, cheveux courts, pas maquillée, assez grande, et vous surprend par une remarque qui vous fait rire pour vous ramener au sujet. Bien sûr qu’elle a une histoire, mais combien de romans, de bandes dessinées, de films, mettent en scène au moins deux femmes nommées à l’égal des hommes, qui parlent ensemble et parlent d’autre chose que des hommes (c’est ce qu’on appelle le « test de Bechdel ») ? La suite évoque la politique en ce sens qu’elle est essentiellement un discours destiné à créer « des affects », et c’est ainsi que la dette publique (qui est tout à fait virtuelle) devient une préoccupation partagée par une majorité de sondé.e.s, par exemple ; on pourrait en dire autant du marché boursier… C’est alors qu’Alice, qui ne vous a pas lâchés depuis une centaine de pages, décide de partir en forêt pour y rencontrer non pas « l’histoire-qui-tue » mais « l’histoire-vivante ».


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