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Traces, discours aux nations africaines, de Felwine Sarr (éd. Actes Sud papiers)

Publié le 24 mars 2021 par Onarretetout

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L’homme qui prend la parole a pensé qu‘en quittant son pays il trouverait, « avec une misère endurée là-bas, (…) une vie respectable ici ». Mais il comprend « qu’aucune dignité ne se (conquiert) dans l’arrière-cour des autres ». Et revient au pays. Et s’adresse aux « peuples des premières aubes ». 

Il nomme les peuples du Continent et les invite à se souvenir de l’histoire, celle de l’origine (sans pour autant remonter à la source) et celle qui a privé ces peuples de leur parole et de leur dignité, celle de « la saignée » et de ses conséquences. Il examine la notion de développement, affirme que les nations « ne se développent pas » ; « elles sont, deviennent, grandissent, mûrissent, déclinent, se régénèrent, se réinventent, existent et font trace ». Il rejette l’idée même du sous-développement dans lequel on a tenté de tenir le Continent tandis que « le plus vil, le plus clinquant » voulait « devenir la mesure de toute chose » ; en réalité (et je l’ai lu aussi dans le livre de Raharimanana, Tisser), ces nations méprisées « nourrissent l’âme et le corps du monde ». Il faut refuser toute violence, « désobstruer les chemins ». Il s’agit de « guérir de l’offense et d’édifier le jour qui vient ». Et marcher, retrouver « un savoir issu de l’écoute et du dialogue avec les existants », oiseaux, crustacés, fleuves, pierres, esprits, ancêtres. « La jeunesse du Continent est courageuse », et c'est sur cette terre, dit-il, qu'elle doit « lever le soleil ».

C'est un texte de Felwine Sarr pour le théâtre, en cinq actes. Le chemin des publics que la fermeture des salles a obstrué, espérons que ce texte le retrouve et l'ouvre.


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