Cherchez les petites victoires !

En environnement VUCA, les visions stratégiques à 3-5ans à décliner dans tous les échelons de l’organisation ne sont plus vraiment pertinentes. Elles sont rapidement périmées et n’aboutissent pas toujours à de vrais plans d’action. Vous n’êtes pas démuni pour autant, nous rassure Philippe Silberzahn, appuyez-vous plutôt sur les « Petites victoires », qui est aussi le titre de son ouvrage. Il définit ainsi la petite victoire : elle « constitue un résultat tangible, complet, mis en œuvre de façon collective et d’importance modérée ». Elle apporte un changement de situation, certes modeste, mais qui initie une dynamique de transformation. Quels bénéfices pouvez-vous en attendre ?

« Une petite victoire a trois intérêts : elle réduit l’importance de l’enjeu et le risque pris par son initiateur (« Ce n’est pas grave si ça ne marche pas »), elle réduit les exigences nécessaires pour l’accomplir (« C’est tout ce qu’il y a à faire, ce n’est pas grand-chose ») et elle augmente le niveau de compétences perçu (« Je suis au moins capable de faire ça »). Lorsque l’évaluation des problèmes prend cette forme, la motivation devient très forte et rend le problème moins dissuasif. La petite victoire correspond à l’adage « Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras », c’est-à-dire qu’il vaut mieux obtenir un résultat tangible limité que risquer de ne rien avoir en visant un résultat plus ambitieux. Une petite victoire constitue un résultat acquis, quoi qu’il se passe après.
En réduisant l’échelle de l’action, la petite victoire peut plus facilement se maintenir dans un domaine où l’incertitude est forte. Au sein d’une organisation complexe, l’incertitude est partout : à l’intérieur, mais aussi à l’extérieur, sur les marchés. C’est encore plus vrai au niveau de la société tout entière. Les interactions sont multiples et mal connues. Plus on réduit l’échelle de l’action, moins il y a de paramètres et d’interactions, et donc moins il y d’incertitude. On peut définir un espace facilement contrôlable, relativement peu dépendant de l’extérieur.

Une petite victoire est locale ; elle ne perturbe pas l’ensemble, mais peut être propagée plus tard au reste du système. Si l’initiative échoue, elle reste locale. La perte est acceptable et l’échec n’est pas visible du haut du système.

Une petite victoire est une initiative miniature qui teste des théories implicites sur la résistance et les opportunités. Elle permet de découvrir des ressources et des barrières qui étaient invisibles avant qu’elle ne soit tentée. La petite victoire réduit l’incertitude et fournit des informations qui facilitent l’apprentissage et l’adaptation, car elle va forcer une mise en situation.

(…) Mais les petites victoires n’ont pas seulement pour but de découvrir la réalité, elles doivent aussi servir à la transformer. Elles ont un caractère fragmentaire motivé par l’opportunisme et les changements de situation. Elles sont ancrées dans le réel : elles modifient les circonstances, ce qui signifie que chaque nouvelle initiative se déroule dans un contexte différent de la précédente. (…) La petite victoire est transformative. »

Votre petite victoire n’aura pas les honneurs d’un lancement dans un amphithéâtre à grand renfort de présentations PowerPoint, elle permettra toutefois d’initier la transformation, d’embarquer un collectif et de faciliter d’autres petites victoires qui auront un effet cumulatif. Sa discrétion vous épargnera aussi les jalousies de vos pairs, cela n’est pas négligeable !

Et vous, quelle petite victoire pouvez-vous chercher à atteindre ? Ne cherchez pas les actions qui auraient le plus d’impact, mais celles qui sont les plus faciles et les plus rapides à mettre en œuvre. Jouez la facilité et misez sur l’effet cumulatif !