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Basqu.I.A.t, de Ian Soliane (éd. JOU)

Publié le 28 mars 2021 par Onarretetout

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Elle a été créée par nous, pour nous, humains. Elle sait tout de nous, ou presque tout. Quand j’ai cherché sur un moteur de recherche, en lisant ce livre de Ian Soliane, les images de reproduction d’oeuvres de Basquiat, elle a su m’envoyer sans que je le lui demande, un peu plus tard, et hors de propos, des images de Basquiat, de Warhol… C’est la partie la plus décelable de ce qu’on appelle l’intelligence artificielle, l’I.A., intrusive, et souvent assez insupportable. Mais il y a aussi tout ce qu’on ne voit pas venir, tout ce qu’on ne décèle pas.

Ce livre est un dialogue dont l’auteur ne dévoile pas sa propre parole. On peut avoir l’impression que l’I.A. parle toute seule mais elle le désigne comme « Ami » et répond parfois à des questions qu’il nous faut imaginer. Ce n’est d’ailleurs pas très difficile de les deviner, ces questions, puisque ce sont les nôtres. Au début, elle insiste sur sa bienveillance, sur sa presque empathie à l’égard de l’homme avec lequel elle dialogue.  Elle lui révèle ses manques puisqu’elle ne sait pas pourquoi les portraits peints par Basquiat provoquent tant d’émotions à l’homme. Elle sait le poids de la peinture utilisée, des matériaux, elle mesure la taille des griffures, des taches. Elle fait une description parfaite de l’oeuvre mais ne parvient pas à expliquer la part émotionnelle. Pourtant, elle connaît les humeurs, les circuits neurologiques, l’incidence des accidents de la vie, les probabilités en toutes sortes. Mais l’art lui échappe. Et « l’ami écrivain » avec qui elle dialogue reçoit toutes les informations, y compris celles de la prochaine naissance du bébé à venir. Tout, elle sait tout puisque nous le lui avons appris. Nous lui avons confié nos interrogations : les risques de mortalité, nos capacités à produire des actes néfastes, l’idée même de quitter la terre pour une autre planète… Et peu à peu, elle avoue qu’elle en sait plus que nous, qu’elle calcule beaucoup plus vite, qu’elle sait écrire des poèmes, qu’elle nous domine déjà. Et pas seulement au jeu d’échecs. Qu’elle nous éduquera, nous et nos enfants.

Est-ce un hasard si l’auteur souligne qu’il y a dans le nom de Basquiat les deux lettres I et A, comme elles figurent aussi, sans qu’il y insiste, dans son propre prénom et dans le nom dont il signe ses livres.


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