J’avoue d’emblée : ce titre, presque au début du deuxième volume de La correction (éd. Le dernier télégramme) m’a fait peur. Je ne sais pas à quoi font référence les guillemets qui l’ouvrent. Je n’ai pas lu Bernard Stiegler. Je ne connais pas Avital Ronell. Sur ce dernier point, je dois me reprendre : j’ai déjà lu de ses articles dans la revue L’impossible.
J’ai lu ce texte plusieurs fois. Il est écrit à la première personne, comme on dit en grammaire. Mais, si j’y fais attention, je trouve des passages entre le « je » et le « nous ». Et puis je vois apparaître la notion de « pharmakon », déjà lue il y a longtemps dans un livre de Derrida : le « pharmakon » qui a à faire avec la technologie et qui est à la fois soin et poison.
Dans ma lecture, à nouveau reprise, il y a cette citation : « Quand j’ai enseigné à Berkeley, j’ai commencé une étude sur les ressources de la bibliothèque pénitentiaire. Vous n’avez aucune idée du nombre de prisonniers enfermés avec Nietzsche, par exemple ». Me voici à penser à René Frégni, prison où il a découvert la philosophie, à Salah al Hamdani qui rencontre la poésie puis Camus dans une prison irakienne, ou à un ouvrage récemment présenté dans ce blog : L’accident de chasse, prison américaine où le personnage découvre Dante.
Soudain arrive la question du climat, par la référence à Goethe, Nietzsche et Freud qu’Avital Ronell qualifie de « prophètes météorologiques », comme on nommait en langue anglaise les premiers météorologues. Elle précise : « Pour GoetheNietzscheFreud, le climat abrite l’être et s’attache à l’inconscient ». Et quelques lignes plus loin, elle ajoutera que « Bernard a saisi le retour de la jeune et troublée Greta Antigone » et développera une réflexion sur le fait de Panser (à la fois penser et prendre soin).