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Vie de poète, de Robert Walser - traduction Marion Graf - (éd. Zoé)

Publié le 04 avril 2021 par Onarretetout

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En 1917, vers l’âge de 40 ans, Robert Walser rassemble vingt-cinq textes sous le titre Poetenleben, titre qui sera également celui du dernier de ce livre. Des métiers successifs dont on n’apprend pas grand chose, parce que ce n’est pas le plus important. Métiers qu’il abandonne : « il était encore beaucoup trop tôt pour m’enchaîner définitivement à une tâche professionnelle monotone, quotidienne, régulière (…) le plus solide et le plus coquet  des revenus annuels ou mensuels ne me dédommagerait jamais assez d’avoir renoncé prématurément à ma liberté de mouvements ». Le plus important, c’est de marcher sur les chemins, dans les forêts, traverser les villages, les villes, trouver un abri ici ou là. Et partir. Partir est toujours important. Les courts textes de ce livre se terminent souvent pas cette décision : partir. Retrouver la nature, fuir les réunions où chacun va de sa formule, souvent obséquieuse, se frotter aux regards méfiants des gens qui voient passer ce vagabond vêtu de manière extravagante, être contrôlé par la police. Et écrire « sur des petites bandes de papier ». Et, même si les poètes de ce livre ne sont peut-être pas tous Robert Walser lui-même, on y trouve ses désirs d’aller à pied par le monde, de fréquenter par moments l’univers du spectacle (par exemple, un bref compte-rendu d’une représentation des Contes d’Hoffmann : « Des milliers d’heures se déversaient dans cette heure unique »), et de ses lectures, et en particulier des poèmes de Hölderlin. Il y a tout à la fois dans ce livre des élans romantiques, une bonne dose d’ironie, la quête de l’amour (comme entre Marie qu’il rejoignait dans les bois et Mme Bandi, sa logeuse qui hébergeait aussi son père). 

Ce ne sont que les quarante premières années de Robert Walser, de départ en départ. Le livre s’achève sur la promesse d’une suite : « attendons de voir ». L’auteur vécut encore quarante ans. On sait aujourd’hui comment il est mort, marchant dans la neige jusqu’à l’épuisement un jour de Noël.


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