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Les Hauts de Hurlevent – Emily Brontë

Publié le 09 avril 2021 par The Cosmic Sam @thecosmicsam

Cela faisait un long moment que je souhaitais découvrir ce grand classique de la littérature anglaise victorienne. En effet, qui n’a pas déjà entendu parler du talent de la dernière des soeurs Brontë et de l’histoire d’amour passionnée de Catherine Earnshaw et d’Heathcliff ?

C’est en craquant pour les magnifiques éditions de la collection « Romans Eternels » que j’ai reçu ce livre culte (parmi une série d’une vingtaine d’autres romans qui ornent fièrement ma bibliothèque). Je n’avais donc plus d’excuse et je me suis plongée dans cette oeuvre.

Le livre : « Les Hauts de Hurlevent » (pour retrouver cette superbe édition c’est ici)

Les Hauts de Hurlevent – Emily Brontë

Crédit photo : L&T

L’autrice : Emily Brontë est une poétesse et romancière britannique, sœur des écrivaines Charlotte et Anne Brontë. Fille de pasteur, elle est la cinquième enfant d’une famille de six. Elle passera la quasi totalité de sa vie dans le presbytère de Haworth dans lequel son père officie. Elle perd sa mère très jeune et ses deux sœurs aînées de tuberculose. Elle se réfugie alors dans l’imaginaire. Elle crée avec ses sœurs et son frère un personnage imaginaire qu’ils mettent en scène dans divers contes. Emily a de gros problèmes relationnels avec le monde extérieur et deux tentatives de scolarisation sont des échecs. Elle devient, malgré tout, institutrice mais finit par abandonner son poste et sa fonction. En 1842, elle part en Europe, à Bruxelles, où elle apprend le français et le piano. À son retour, elle devient la femme de charge du presbytère et partage son temps entre écriture et promenade sur la lande. C’est la découverte des talents de poète d’Emily qui conduit les sœurs Brontë à publier, à compte d’auteur, un recueil de leurs poésies en 1846. À cause des préjugés de cette époque à l’encontre des auteurs femmes, toutes les trois utilisent des pseudonymes masculins, Emily devenant « Ellis Bell ». Toujours à compte d’auteure et toujours sous son pseudonyme, Emily publie ensuite en 1847 son unique roman, « Les Hauts de Hurlevent ». Il est considéré comme l’un des plus grands classiques de la littérature anglaise. Elle s’occupe aussi beaucoup de son frère devenu alcoolique à la suite d’une déception amoureuse. À l’enterrement de celui-ci (1848), Emily, sans doute déjà contaminée par la tuberculose, prend froid et refuse de se soigner. Elle meurt de la tuberculose la même année.

Le résumé : « Lorsque Mr Earnshaw ramène d’un voyage un enfant abandonné, Heathcliff, les réactions de ses enfants évoquent les orages qui s’abattent sur le domaine des Hauts du Hurlevent. Le fils Hindley n’accepte pas cet enfant sombre et lui fait vivre un enfer. La fille, Catherine, se lie très vite à lui, d’un amour insaisissable et fusionnel. Tous trois grandissent, dans cet amas de sentiments aussi forts qu’opposés. Heathcliff devient un homme sans scrupule, qui jure de se venger des deux hommes ayant empêché le déploiement de son amour : Hindley, le frère ennemi, et Edgar, le mari de Catherine. La destruction de ces deux familles et de leurs descendances constitue alors son seul objectif. Dans les paysages sauvages et immuables des landes du Yorkshire, les déchirements sont nombreux, et cohabitent dans une passion extrême et des tourments destructeurs… »

Mon avis : Il y a beaucoup de choses à dire sur « Les Hauts de Hurlevent », même si tout a probablement déjà été dit.

J’ai, tout d’abord, été surprise par le style que j’ai trouvé assez facile à lire et emprunt de modernité. Alors que je craignais des formulations ampoulées qui auraient pu compliquer la lecture, j’ai été ravie de ne pas en trouver.

On découvre un récit enchâssé qui nous est narré, sous forme de flashbacks, par Helen Dean, la domestique de M.Lockwood, le locataire d’Heathcliff.

M. Lockwood est issue de la bourgeoisie londonienne et a décidé de fuir l’agitation de la ville pour les joies paisibles de la campagne le temps de quelques mois. Il va pourtant rapidement déchanter en atterrissant aux Hauts de Hurlevent, le domaine du ténébreux Heathcliff. Alors que Lockwood s’attendait à une demeure douillette et à de longues promenades pastorales en charmante compagnie, il va, à l’inverse, se retrouver dans une masure sombre et battue par les vents, aussi mal accueilli que possible par une galerie de personnages irascibles et dénués de manière.

M. Lockwood cherche donc auprès d’Helen Dean, l’ancienne domestique de la maison, les raisons ayant poussé Heathcliff, cet homme aux apparences convenables à être si méprisable.

Le récit d’Helen nous fait remonter à l’enfance d’Heathcliff et couvrira toute sa vie de jeune adulte, durant laquelle il va tomber follement amoureux de l’insaisissable Catherine Earnshawn, sa soeur adoptive.

En effet, « Les Hauts de Hurlevent » est, avant toute autre chose, l’histoire d’un amour contrarié et passionnel. Je devrais même plutôt parler d’un amour destructeur car rien ni personne ne résistera à cette relation qui n’entrainera dans son sillage que misère et tourments.

On assiste alors à la vengeance implacable d’un homme qui décide de rendre le monde entier aussi misérable que lui, qui n’a pas réussi à posséder celle qu’il souhaitait avoir.

Pour beaucoup, il s’agit de l’une des plus belles histoires d’amour de la littérature. Pour moi, il s’agit d’une relation de dépendance affective malsaine et de la façon dont un homme torturé s’en sert pour justifier ses comportements violents et son absence totale d’empathie pour tout autre individu que lui-même.

S’il est vrai qu’on compte nombre de grandes déclarations habitées, sur fond de landes battues par les vents sous un ciel plombé et oppressant (la nature est, à ce titre, un personnage à part entière de l’histoire), je me suis, en revanche, laissée aller à mépriser chacun des personnages (à l’exception d’Helen, de M. Lockwood qui n’est là que pour recevoir le récit de la première, et d’Isabelle Linton).

Heathcliff est, bien entendu, le plus détestable de tous. Lors de son enfance, on ressent de l’affection pour ce petit garçon orphelin recueilli par un notable du coin. Moqué pour ses origines modestes et la couleur sombre de sa peau, rejeté par la fille qu’il aime et dont il se pensait l’alter ego, il va vite se laisser aller à des désirs de vengeance contre ses oppresseurs. Si ces derniers, sont, en premier lieu, compréhensibles, ils vont finir par le dévorer et le priver de toute humanité. Cette vengeance ne s’arrêtera devant rien, aura pour mots d’ordre malheurs et asservissement, et finira par transformer l’homme en vile créature bestiale.

Le personnage de Catherine ne m’a pas été plus agréable. Je l’ai, en effet, trouvé, manipulatrice et capricieuse. Elle aussi sombre dans ses aspirations égoïstes, peu important les personnes qu’elle blesse au passage.

Heathcliff et Catherine vivent dans leur monde, leur histoire prend toute la place, étouffe tout et tout le monde.

Les personnages de Cathy et Linton n’ont absolument pas sauvés la mise, pour moi, car je ne me suis pas attachée à la première, tandis que j’ai trouvé le second carrément insupportable.

La force du récit est, ceci dit, de savoir entraîner le lecteur et de lui faire ressentir de fortes émotions à la lecture. Une fois commencé, j’avais très envie de savoir comment tout cela allait bien pouvoir finir pour l’ensemble des personnages. Je déplore toutefois quelques longueurs. L’ouvrage de 300 pages aurait pu être allégé de certaines scènes et répétitions non indispensables.

Je reconnais que, pour l’époque, Emily Brontë a su écrire un ouvrage atypique et moderne, une histoire d’amour loin des convenances ordinaires et portée par des antihéros sans morale. La force de l’histoire est donc aussi sa faiblesse.

En bref : Les points forts des « Hauts de Hurlevent » sont : l’ambiance naturaliste (la lande mystérieuse parcourue par les fantômes du passé), la puissance des émotions décrites et l’originalité de mettre en scène des antihéros. Ses points faibles sont : le caractère détestable des personnages et les longueurs de l’histoire. Je suis, en tout cas, satisfaite d’avoir découvert ce classique qu’il faut, je pense, avoir lu au moins une fois pour sa culture littéraire.

Et vous, vous avez lu ce classique de la littérature ? Qu’en avez-vous pensé ? S’agit-il, pour vous, de l’une des plus belles histoires d’amour ?


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