Le nouveau recueil de Pierre Dhainaut, « Ici », est formé de trois volets distincts, comme la plupart de ses livres parus chez Arfuyen. L’évocation d’un polyptyque est présente dans le recueil, et le tableau fonctionne comme tel : une vision d’ensemble, une diversité d’éléments qui chacun à leur façon renvoient à l’œuvre. On y trouve les noms des donateurs, comme Thierry Metz ou Isabelle Lévesque. On peut y retrouver l’auteur lui-même, dans des couloirs ou sur le quai d’une gare, la nuit. Mieux : l’on peut entrer dans son atelier. Pierre Dhainaut évoque un thème dans un volet, le suggère ou l’expose dans un autre, avant de le reprendre encore. Au terme du livre, la lecture se révèle libre passage d’un panneau à l’autre du retable, elle est éclairante. En voici un exemple.
Volet 1 :
« Parole », « parole », au fond des corridors
le mot se tarira et avec lui
nous ignorons quoi… 7
Ici, ici, ici, tu le répéterais à l’infini… 12
Volet 2 :
Redire
« mémoire », « mémoire »,
jusqu’à ce que s’exhale
une odeur de vagues. 53
Hiver, hiver, hiver,
il n’est pas de trop,
le parfum
d’aubépine. 57
Le volet 3 s’ouvre alors et l’auteur confie que :
De certains mots nous ne sommes jamais quittes, nous les redisons, nous ne les répétons pas. 82
Pierre Dhainaut, Ici, Arfuyen, 2021, 96 p., 12€
Philippe Fumery