En écrivant ces mots après avoir suivi la rencontre-récital-concert entre Alain Jean-Marie et Daniel Maximin, j’ai l’impression que mes mains jouent encore les musiques, que mes mots poursuivent encore les poèmes et les textes. L’enfance et son expérience du feu (volcan), de la terre (séisme), de l’eau (raz-de-marée) et de l’air (cyclone). Le feu qui crépite, la terre qui danse, l’eau qui d’un côté porte le malheur, et de l’autre en protège. Et la musique, les musiques, le monde entier dans les airs venus d’Andalousie, d’Afrique, de partout, créoles, les tambours, le jazz, le piano, John Coltrane, Thelonious Monk, salut fraternel, salut des femmes, des hommes, Celia Cruz… « Et la solitude prend les notes et le désir leur offre sa portée », et la Caraïbe y est toute entière, et Daniel chante avec le piano d’Alain, esquisse des pas de danse, l’un et l’autre s’écoutant réciproquement jusqu’au silence qu’ils disent en souriant : « Il faut beaucoup de silence au cri pour devenir un chant. Et Silence n’a jamais le dernier mot. » Le dernier mot résonne encore et je revois Alain Jean-Marie sur une scène de théâtre, il y a plusieurs années, toujours avec cette discrétion qui module sa musique. Et j’entends encore Daniel Maximin il n’y a pas si longtemps chez Tiasci. Et se répètent en moi quelques souvenirs des paysages bordés d’un côté par l’océan et de l’autre par la mer, et de ces îles comme « un collier pour l’Amérique ».
Ce spectacle venait conclure le colloque : « Musique(s) dans la création littéraire et artistique francophone de l'Atlantique noir », organisé par l'Université Cergy-pontoise les 8 et 9 avril 2021.
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