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Botticelli et Baudelaire

Publié le 17 avril 2021 par Onarretetout

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"La naissance de Vénus" est une toile peinte par Sandro Botticelli vers la fin du XVe siècle (avant l'expédition de Christophe Colomb vers ce qu'il croyait être les "Indes"). On pense alors que la terre s'arrête au bord de l'océan. Il semble que le visage de Vénus est celui de Simonetta Vespucci, cousine par alliance de Amerigo Vespucci, navigateur dont le prénom deviendra le nom de l'Amérique : l'artiste s'est inspiré de sculptures de l'antiquité (grecque et/ou romaine). Le corps de la femme qu'il représente ne correspond pas à une réalité (proportions non conformes à ce qui était admis à l'époque, épaule gauche faite différemment de la droite, position des jambes la mettant en déséquilibre). Il fait une femme toute en hauteur, à la chevelure abondante cachant le sexe, la main droite masquant partiellement les seins. Cette Vénus est une allégorie.

Quelques siècles plus tard, un poète, Charles Baudelaire écrit La chevelure ou encore plusieurs poèmes à propos de la mer.

La chevelure

Ô toison, moutonnant jusque sur l'encolure !
Ô boucles ! Ô parfum chargé de nonchaloir !
Extase ! Pour peupler ce soir l'alcôve obscure
Des souvenirs dormant dans cette chevelure,
Je la veux agiter dans l'air comme un mouchoir !

La langoureuse Asie et la brûlante Afrique,
Tout un monde lointain, absent, presque défunt,
Vit dans tes profondeurs, forêt aromatique !
Comme d'autres esprits voguent sur la musique,
Le mien, ô mon amour ! nage sur ton parfum. 

J'irai là-bas où l'arbre et l'homme, pleins de sève,
Se pâment longuement sous l'ardeur des climats ;
Fortes tresses, soyez la houle qui m'enlève !
Tu contiens, mer d'ébène, un éblouissant rêve
De voiles, de rameurs, de flammes et de mâts :

Un port retentissant où mon âme peut boire
A grands flots le parfum, le son et la couleur ;
Où les vaisseaux, glissant dans l'or et dans la moire,
Ouvrent leurs vastes bras pour embrasser la gloire
D'un ciel pur où frémit l'éternelle chaleur. 

Je plongerai ma tête amoureuse d'ivresse
Dans ce noir océan où l'autre est enfermé ;
Et mon esprit subtil que le roulis caresse
Saura vous retrouver, ô féconde paresse,
Infinis bercements du loisir embaumé ! 

Cheveux bleus, pavillon de ténèbres tendues,
Vous me rendez l'azur du ciel immense et rond ;
Sur les bords duvetés de vos mèches tordues
Je m'enivre ardemment des senteurs confondues
De l'huile de coco, du musc et du goudron.

Longtemps ! toujours ! ma main dans ta crinière lourde
Sèmera le rubis, la perle et le saphir,
Afin qu'à mon désir tu ne sois jamais sourde !
N'es-tu pas l'oasis où je rêve, et la gourde
Où je hume à longs traits le vin du souvenir ?

L'Homme et la Mer 

Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer. 

Tu te plais à plonger au sein de ton image ;
Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton cœur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage. 

Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :
Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes ;
O mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !

Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remords,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
O lutteurs éternels, ô frères implacables ! 

Je vous invite à décrire le tableau de Botticelli en utilisant des mots de Baudelaire pris dans ces deux poèmes. Il y en a d’autres sur ce sujet mais je propose que nous nous en tenions à ceux-là.

Exemple :

« Des siècles innombrables »  ont passé et le monde de Botticelli n’est plus. N’en reste que cette chevelure descendant de « l’azur du ciel immense et rond ». « La langoureuse Asie et la brûlante Afrique » descendent le long de ce corps où plonger la « tête amoureuse d’ivresse ». Debout sur un coquillage dans lequel boire « le vin du souvenir », Vénus se laisse bercer par « le déroulement infini de la lame » et des vagues venant « caresser » la plage. Elle est portée par le souffle « indomptable et sauvage » d’un vent d’Ouest et le printemps la « distrait quelquefois ». 

C’est à vous main tenant. Merci à Charles Baudelaire de nous prêter ses mots quand bien même la femme pour qui il écrit ne ressemblait pas à celle qu’a peinte Botticelli. Et merci à vous de poster votre description dans les commentaires ci-dessous.


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