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ENTRETIEN AVEC Caroline Meva, « La forme narrative du roman est plus ludique ».

Par Gangoueus @lareus
ENTRETIEN AVEC Caroline Meva, « La forme narrative du roman est plus ludique ».

Par Boris Noah 

Caroline Meva, romancière camerounaise, est l'auteure d'un fait littéraire qui aborde remarquablement le thème de la prostitution, et évoque parallèlement les problèmes tels que l'inceste, le viol et autres. Ce roman, Les supplices de la chair, publié aux éditions Le Lys bleu, est disponible en librairie, chez kalara agency ([email protected]) ou encore sur les plateformes en ligne, notamment Amazon. Caroline Meva a accepté de s'entretenir avec Boris Noah, critique littéraire, pour parler d'elle et de sa trajectoire littéraire. 

Bonjour Caroline Meva. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ? 

Bonjour Boris Noah. Je suis camerounaise, originaire de la Région du Centre ; titulaire d’une maîtrise en philosophie ; Administrateur civil principal, cadre retraitée de la Fonction publique camerounaise ; écrivaine ; épouse et mère de famille. 

Vous êtes donc une ancienne fonctionnaire de l’administration publique camerounaise, et maintenant, une écrivaine, auteure de 4 jets littéraires. Comment s’est faite la transition entre l’administration publique et l’écriture littéraire ? 

 J’ai toujours été passionnée de belles lettres. J’ai effectivement à mon actif 4 romans : 

* Une trilogie intitulée : Les exilés de Douma, publiée aux Editions l’Harmattan, sous le pseudonyme de Marie-Ange Evindissi. 

  • Tome 1 : Les sentiers de l’exode ; 
  • Tome 2 : Ombres et lumière sur la forêt ; 
  • Tome 3 : Tempête sur la forêt. 

 * Les supplices de la chair ; paru aux Editions Le Lys Bleu en 2019, sous le nom de Caroline Meva. En réalité la transition s’est faite en douceur. Les trois titres de Les exilés de Douma ont été publiés entre 2006 et 2014, pendant que j’étais en fonction. Ecrire n’a pas été facile pour moi pendant cette période, pour des raisons de disponibilité, car en plus de mon travail de fonctionnaire, je devais assumer mes tâches d’épouse et de mère de famille. Maintenant que je suis à la retraite, je compte mettre les bouchées doubles et me consacrer entièrement à ma passion : l’écriture. 

Le roman Les supplices de la chair est votre dernier fait littéraire publié en 2019 aux Editions Le Lys Bleu à Paris. Qu’est-ce qui a motivé le choix de ce titre et de l’image sur la première de couverture ? 

 - Le thème principal abordé dans cette œuvre est la prostitution, qui renvoie aux relations sexuelles dévoyées, dans lesquelles la personne qui se prostitue, qui vend son corps, qui livre sa chair pour de l’argent, subit des supplices tels que les humiliations, les violences de toutes sortes, la déshumanisation et la dévalorisation ; d’où ce titre évocateur. L’image sur la couverture montre des jambes dénudées portant des bas-résilles et des talons hauts, des accessoires utilisés dans le monde de la luxure par les courtisanes, afin d’attirer et de séduire leurs partenaires. Le porte-monnaie débordant de billets de banques marque l’aspect mercantile de la prostitution. La paire de menottes traduit le côté violent, la dépendance, l’emprise malsaine que subit la personne qui se livre à la prostitution. La paire de menottes fait également allusion aux relations sexuelles sadomasochistes, pratique à laquelle s’adonne Mabelle, l’héroïne du roman. 

Dans ce roman, vous mettez à nu certains problèmes de la société africaine tels que l’inceste, le viol, la paupérisation, la non-scolarisation de la jeune fille, la prostitution, etc… Votre protagoniste Mabelle, est une ancienne prostituée qui va gravir tous les échelons du plus vieux métier du monde pour devenir une riche femme d’affaires, très respectée. Alors, doit-on penser que Caroline Meva fait la promotion de la prostitution ? 

 - Pas du tout, je ne fais pas l’apologie de la prostitution. Tout au contraire, j’attire l’attention des personnes qui se laissent séduire par les gains apparemment faciles qu’offre la prostitution, sur la dangerosité de cette pratique, qui privilégie le matériel au détriment des valeurs, de la dignité et de l’intégrité humaine. La prostitution se présente ainsi comme un miroir aux alouettes, qui a un côté visible attrayant mais factice, et un côté réel hideux. Les supplices de la chair est porteur d’espoir non seulement pour les victimes de la prostitution, mais pour tous ceux/celles qui sont en proie à des problèmes qu’ils croient insolubles, irrémédiables. Le malheur, les difficultés de la vie, ne sont pas une fatalité ; il est possible d’en sortir à l’exemple de Mabelle, qui a réussi à briser les chaines de la prostitution par sa volonté, sa détermination et un travail acharné. Tous les moyens ne sont pas recommandés pour gagner de l’argent, et la prostitution est de ceux-là. 

Quelle est votre position vis-à-vis des violences faites aux femmes, et quel regard portez-vous sur la littérature africaine féminine en général ? 

 - S’agissant des violences faites aux femmes, je suis contre toute forme de violences à l’encontre de qui que ce soit, dans le but de nuire et de détruire l’autre ; mais l’on constate que les femmes, les enfants et les plus faibles en sont les principales victimes. Quant à la littérature africaine féminine, je pense que, dans l’ensemble elle se porte de mieux en mieux, tant au nombre croissant d’auteures, qu’à la qualité des productions littéraires ; de plus en plus leur talent est reconnu et salué localement et au niveau mondial. Le dernier exemple en date est notre compatriote Djaïli Amadou Amal, qui a remporté le prix Goncourt des Lycéens en novembre 2020, pour son roman Les impatientes

Que représente le genre romanesque pour vous ? Et pourquoi avoir choisi de ne faire que des romans jusqu’ici, et non pas la poésie ou le théâtre ? 

Le roman est un genre d’expression qui sollicite l’imagination, la fantaisie, et qui permet une grande souplesse dans l’expression ; son domaine d’inspiration est donc plus vaste, contrairement aux autres genres littéraires tels que la poésie, le théâtre, les biographies ou les reportages, dans lesquels l’on doit suivre des règles de forme et de fond strictes. La forme narrative du roman est plus ludique, plus attrayante et mieux accessible à la compréhension du lecteur ; c’est la raison pour laquelle j’ai privilégié, jusqu’ici, le genre romanesque, cependant je compte expérimenter tous les autres genres littéraires. J’ai commencé la rédaction d’un recueil de poèmes, mais je l’ai laissé en plan ; maintenant que je dispose de plus de temps libre, je compte l’exhumer et l’achever. 

Caroline Meva, est-ce que vous avez des écrivains qui vous ont marqué et qui ont influencé votre écriture ? 

 - Les écrivains qui m’ont influencé sont nombreux, je citerais pour mémoire Mongo Beti, Ferdinand Oyono, Amadou Kourouma et Réné Maran, pour leur puissance narratrice de notre environnement socio-culturel africain. 

 Avez-vous des projets littéraires en cours ? Si oui, parlez-nous en. 

 - Je viens d’achever l’écriture d’un roman de science-fiction. Dans ce roman, je livre ma vision d’un monde où la physique et la métaphysique seraient réconciliées grâce à une nouvelle science appelée Energétique. Je compte le faire éditer incessamment. Caroline Meva, je vous remercie ! Je vous en prie. C'est moi qui vous remercie.

Caroline Meva, Les supplices de la chair, ed. Le Lys Bleu, 2019

Une interview de l'écrivaine  camerounaise Caroline Meva

réalisée par Boris Noah pour le site collaboratif Chez Gangoueus


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