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(Note de lecture), Benoît Arcadias, Contrepoison, par Christophe Esnault

Par Florence Trocmé

  
Benoit Arcadias  Contrepoison Tu as été en HP ?
Oui, à Vaucluse, Paris, Sainte-Anne et Cochin, Rodez, Toulouse, Kremlin-Bicêtre, Pau et beaucoup d’autres.
Si l’auteur est considérablement nourri d’expériences, celles qu’il nomme « sa vie derrière les barreaux de la logique psychiatrique », il était aussi un adepte du nomadisme sexuel et accessoirement un alcoolique. Après lecture de sa série de fragments (l’éditeur les appelle des nouvelles) que je lis comme une suite de textes courts, souvent situés depuis une clinique ou un hôpital, depuis des permissions ou des échappées : « J’ai réussi mon évasion. Un soir… » Fragments de la vie d’un vivant. Pas d’hostilité face aux soignants ou à l’institution dans cette écriture, aucune trace de victimisation ou de plainte. Quand même, c’est parfois taillé jusqu’à l’os. D’une acuité dans le portrait de personnages qui ne violentent pas le lecteur. On ne déprime pas /On n’est absolument pas plombé en lisant Benoit Arcadias. Il nous offre une bonne poignée de rires francs comme on en avait trouvé dans les premiers recueils de nouvelles de Vincent Ravalec. Y a-t-il un humour de l’alcoolique (distinct de celui du drogué) ? « C’est ainsi que nous conjurions le mal, prêts à repartir pour une nouvelle chasse au demi ».  Il y a là (dans les textes courts), présence vive d’un poète. Ce n’est pas difficile de s’en assurer. On prend trois lignes du livre, on les découpe, les dénude et on obtient ceci :

Henry aussi il a tué sa femme
Mais c’est du passé
Ça ne pourrait plus arriver à nouveau
Maintenant
Il n’a plus goût à rien

Le poète, autiste, licencié en philosophie, a été chargé de cours à l’université Paris 13. A aussi exercé comme aide-soignant. Il a deux enfants. On ne sait pas si sa vie est supportable loin d’une tireuse à bière. Mais on a vu sa photographie et si on le croise au Marché de la Poésie, on lui simulera un délirium pour qu’il fonce nous chercher une pinte au café de la mairie.   
Christophe Esnault

Benoit Arcadias, Contrepoison, Rosa canina éditions, coll. Cynorrhodon, 2020, 88 p. 18 €


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