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(Carte blanche) à Claude Minière : "Ce qui sera le plus difficile à traduire"

Par Florence Trocmé

Ce qui sera le plus difficile à traduire

Ce qui sera le plus difficile à traduire du poème d’Amanda Gorman sera le we dans « The Hill We Climb ». Nous, quel nous, quel nœud ? Un pluriel de majesté ? Les Américains ont bien sûr la formule sonnante, en postulat : « We, the people… » --- sur laquelle à plusieurs moments de l’histoire fut portée l’emphase d’une fondation ou de revendications. A chaque fois la laissant nécessairement sans définition, un « nous » comme allant de soi, en douceur. Ou un nous à venir ? Un nous autoritaire, peut-être. Nous sommes dans la même cordée ? Cette petite unité de vocabulaire en tout cas ne sera pas sans colorer la montagne et l’ascension. Ou plutôt non : il faudra que ce pronom ne soit point précisé ni éclairci ; il faudra qu’il soit entendu. On verra ce que donne le oui. Il faut parfois prêcher le faux pour que se décèle le vrai.
Claude Minière


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