Je creuse, je creuse, et je qu'est-ce que je trouve: moi, enfoui sous des couches humides et argileuses
froides et indigestes,
comme un torrent perdu dans le feu du combat
je vois un amas de nuages qui n'ont plus que l'émoi des gouttelettes à se mettre sous la dent
dans la chambre noire, tous les chats sont gris.
Je m’en voudrais de ne pas y aller, et comme je n’y vais pas, je m’en veux de ne pas y aller.
C’est l’arbre qui cache la forêt. Je contemple tellement septembre que je ne vois pas l’océan qui se trouve derrière. La notion de forêt est un camouflet à l'amour infini.
Je vais sauter du pont, je contemple le vide et je me dis ça va faire mal, alors je ne saute pas.
C’est l’heure de la récréation. Tout le monde sort, tout le monde court dans la cour de l’école.
Je joue, enfin je fais semblant. Tout le monde me prend pour un écolier, mais je suis un goéland.
Je traverse la rivière en pataugeant très fort dans la baignoire
je voyage sur la Lune en regardant très fort l’ampoule au plafond.
Je grimpe sur la montagne en sautant par-dessus un muret.
Je suis toujours moi à tout instant peu importe l’endroit où je me trouve.
Je ne veux pas être ailleurs. Ou alors seulement si je garde les pieds sur terre
j’ai le vertige j’ai le vertige des airs, c’est un désert qui ne dit pas son nom et j'ai peur des serpents cachés sous terre
Un serpent, c’est dangereux et personne n'aime, mais peut-on vraiment comprendre ce qu'est sa vie
se mettre à la place de l’autre: s'imaginer serpent, supporter le regard apeuré des êtres qui te découvrent
terrorisés, écoeurés
j’ai envie de m'oublier
Ils écrivent des phrases qui se replient sur elles-mêmes, on les remet en boîte, on les oublie.
Tout est oubli dans la vie. C’est le grand principe directeur du fil de l’existence.
Passer à autre chose, ne pas regarder dans le rétroviseur
Il y a un univers palpable autour de nous,
soyons en éveil, concentrés sur les éléments perceptibles
Qu'est-ce que c’est que le temps d'une vie finalement ?
Il y a tout ceux qu’on aime, pourquoi on les aime
Je tourne en rond, le matin je me lève, le soir je me couche, à midi je mange
la répétition infaillible des actions qui conditionne mes pas
l’horlogerie est subtile et pitoyable, impitoyable,
une forteresse imprenable dont je suis captif