Chaque semaine, un texte de Pierre le Pillouër, pour le soutenir et l’accompagner dans l’épreuve qu’il traverse. Merci à ceux qui ont envoyé des poèmes pour Pierre, mais ici l’objet c’est de rappeler que Pierre est poète et de publier ses poèmes.
Un bref extrait de trouver Hortense, Journal de lecture à la lettre des Illuminations
Nouvelle digression, je reviens me brûler à Une saison en enfer, de plus en plus persuadé de la profonde intrication temporelle et spirituelle des deux œuvres. J’en profite pour traduire une image que j’avais eu tort de laisser traîner « après le déluge ».
L’aveu simultané, la juxtaposition corrélée de la plus haute vérité (je mens !) et du mensonge le plus éclatant (je suis paresseux !) ne constitue pas seulement un jeu annonçant Lewis Carroll, relu par Deleuze ; je crois pouvoir affirmer que Rimbaud a voulu fouailler au cœur des réacteurs nucléaires de la Langue : le son lui permet de faire courir verticalement une parole antagonique ou située aux extrêmes de celle qu’il énonce linéairement.
Emblématique m’apparaît maintenant l’expression qui figure tout de suite après la plainte du chacal privé de souffle :
« - et les églogues en sabots grognant dans le verger. »
La Lune les entend, la clarté lui dans la nuit d’ouïe !
Ce sont les deux arthurs, main dans la main :
– Rimbaud du haut, érudit, lecteur de Virgile, savant et sage offre deux mots : « églogue » et « verger » ;
– Ribaud du bas, grossier, anal, rural, bestial, primaire et débauché, un pèque-oui, qui dégoise en « sabots et « grogne »
Égalité, deux partout !
(...)
Pierre Le Pillouër, trouver Hortense, Journal de lecture à la lettre des Illuminations, Editions Virgile, coll. Ulysse fin de siècle, 2008, p. 126
Contribution de Fabienne Courtade