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"Sous le règne de Bone" de Russel Banks (Rule of the Bone)

Par Cassiopea

Sous le règne de Bone (Rule of the Bone)
Auteur : Russel Banks
Traduit de l’américain par Pierre Furlan
Éditions : Actes Sud (4 Juin 199)
ISBN : 978-2-7427-0858-1
440 pages

Quatrième de couverture

"Mon existence est devenue intéressante, disons, l'été de mes quatorze ans. J'étais à fond dans la fumette et comme j'avais pas d'argent pour m'acheter de l'herbe je me suis mis à fouiner tout le temps dans la maison pour dénicher des trucs à vendre - mais il n'y avait pas grand-chose." C'est alors que Bone, avec sa crête, son nez percé et le tatouage fondateur de son identité - des os en croix - prend la route, et que le roman se déploie au fil de ses aventures et de ses rencontres avec tout ce que l'Amérique puis la Jamaïque comptent de marginaux, d'aventuriers et de sages. Un percutant roman de formation, proche du road movie, et devenu le texte emblématique d'une certaine jeunesse américaine de la fin du XXe siècle.

Quelques mots sur l’auteur

Né en 1940, Russell Banks, sans conteste l'un des écrivains majeurs de sa génération, est président du Parlement international des Ecrivains et membre de la prestigieuse American Academy of Arts and Letters. Son œuvre, traduite dans une vingtaine de langues et publiée en France par Actes Sud, a obtenu de nombreuses distinctions internationales. Il vit dans l'Etat de New York.

Mon avis

« Un tatouage vous fait ce genre de chose : il vous fait penser à votre corps comme à un costume particulier que vous pouvez mettre et enlever chaque fois que vous en avez envie. »

Un adolescent en mal de vivre, Chappie puis Bone, lorsqu’il décidera de changer son nom et de devenir un « autre », est un de ces « ados » sans repère, n’ayant pas « mauvais fond » mais se laissant entraîner à la suite d’erreurs de choix, à se droguer, voler, fuir tout en essayant de vivre sa vie …

Vu comme ça, pas très engageant ce roman, n’est-ce pas ?

Alors, changeons d’angle de prise de vue …

Russel Banks a pour point fort de réussir à la perfection « les rôles de composition ». Il se met dans la peau de son personnage, il en adopte le langage, les pensées, les doutes, les forces et les faiblesses …. Il EST Chappie puis Bone …

Il parvient ainsi à nous faire partager le voyage « initiatique » de ce jeune, un « road-movie » à l’américaine.

Voyage au demeurant intéressant, par la galerie de portraits rencontrés, par ces Etats-Unis (puis Jamaïque) que nous entrevoyons, par les expériences, auxquelles Bone va être confronté et qui entraîneront chez lui des opinions, des tâtonnements … Au fond, Bone, dans son voyage se cherche lui-même, mais il cherche aussi les autres (l’autre qui est ton frère…) pour voir s’il peut les croire, leur faire confiance, les aider, vivre des moments forts avec eux …

Une rencontre lui permettra de s’affirmer, mieux se connaître, mieux aller à la rencontre des autres, lui "apprendra" à dire « je » (même si le livre est dès le départ écrit à la première personne du singulier)….

La seconde partie évoquant la Jamaïque est remarquablement bien documentée et apporte des éléments intéressants.

Le voyage se finira-t-il un jour ? Peut-on savoir qui on est réellement ? Se connaît-on vraiment ?

Russel Bank touche du doigt un des problèmes majeurs de la société : argent, drogue, violence …. Comment grandir et s’épanouir dans un monde qui vous montre de telles choses ? Comment éviter les mauvais choix ?

L’écriture est en lien avec l’âge et la vie de Bone, langage familier (jamais vulgaire), mots écourtés, négations incomplètes. Les dialogues sont en style indirect, ce qui met un peu de lourdeur dans le propos mais donne « un style » tout particulier au récit.

Il est évident que ce roman m’a fait penser à « L’attrape-cœurs » de Stalinger. Il faut absolument le remettre dans son contexte (date, lieu…) pour en saisir la subtilité et l’apprécier.



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