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Vladimir Holan – Eodem anno pons ruptus est

Par Stéphane Chabrières @schabrieres

Vladimir Holan – Eodem anno pons ruptus estLa joie !
Oui, elle existe. Elle existe réellement, elle existe vraiment !
Et il ne la ressentit pas comme quelque chose d’impitoyable
qui s’installe en nous avec une telle violence
qu’elle éteindrait sa propre flamme, ni comme un vertige
qui sous le double éclairage de l’ironie
nous apporte une bouteille et des chaussures pour nous faire danser-
oh non, ce qu’il ressentait c’était une joie simple et tranquille, une joie sans raison,
une joie sans limite et non pas consentie pour une heure,
la joie d’un homme qui s’engage sur un pont
et qui se met à chanter…
Mais il a suffi que le vent
jette une feuille morte à ses pieds-
pour que le pont soit surchargé…

*

Joy!
There is joy, there really is.
And he felt it not as something merciless
which rushes on us
and puts out our unguarded fire
nor as a vertigo which in the double light of irony
brings us a bottle and shoes to make us dance –
no, what he felt was a quiet, simple, unfounded joy,
given rather than granted for an hour,
the joy of a man walking over a bridge
who will go on singing for ever…
But it was enough for the wind to toss a withered leaf
at his feet
and the bridge was overloaded.

***

Vladimir Holan (1905-1980)Une nuit avec Hamlet (Gallimard, 1968) – Traduit du tchèque par Dominique Grandmont – Selected Poems (Penguin, 1971) – Translated by Jarmila Milner and Ian Milner.


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