Les Monstres, voilà un titre qui est loin d’être original. On peut penser au film réalisé en 1963 par Dino Risi avec Ugo Tognazzi, Vittorio Gassman. Et plusieurs romans portent déjà cet intitulé. Le risque de confusion est donc grand.
Il l'est d’autant plus qu’un terme pareil évoque quelque chose de particulier chez chacun d’entre nous. Pour moi, un monstre c’est quelqu’un qui se comporte d’une manière abominable, spécialement psychiquement. Je n’ai rien relevé de semblable au cours de ma lecture (mais je ne suis pas allée jusqu'au bout). Plus les pages se tournaient, plus je me demandais où Charles Roux voulait en venir. La récurrence du mot "monstre" et de ses déclinaisons, monstrueuse comme monstruosité, ne m’éclairaient pas davantage. Les pages suivantes seraient elles plus lumineuses ?
Si modeler en terre glaise une figurine qui semble asexuée relève de la monstruosité alors c’est une grande partie de l’œuvre de Picasso qu’il faudra étiqueter sous ce terme. Et que dire des personnages des films de Fellini ? Je ne suis pas convaincue que le mot colle bien aux questions d’identité et de genre, car j’ai bien entendu fini par comprendre sur quel chemin on voulait me pousser.
L’éditeur présentait le roman de manière attrayante : Lors d'un diner-spectacle dans un restaurant tenu par une sorcière, au coeur d'une ville de béton sur laquelle plane une menace invisible, un homme et une femme se rencontrent.
Il est certain que le comité de sélection des 68 premières fois a vu dans ce premier roman l'audace que l'éditeur souligne aussi dans son argumentaire. Pour ma part, j'ai apprécié autrement plus "le fascinant mystère de l'identité" avec le roman de de Julien Dufresne-Lamy, Mon père, ma mère, mes tremblements de terre à la rentrée littéraire de septembre dernier.
Pour la seule et unique fois dans la sélection de cette saison je n'irai pas jusqu'au bout, et ce n'est pas parce que le livre dépasse les 600 pages. Mais j'ai eu tant de bonheur de lecture avec les autres que je le referme sans regret au bout de la centième.
J'ai tout de même lu les deux derniers chapitres avant de me lasser définitivement. Le monstre invisible était imprimé parfois plusieurs fois sur la même page. Je restais sur mon impression …Toutefois, n'étant pas femme à renoncer et ayant lu des avis dithyrambiques j'ai contacté les lecteurs/trices en question pour connaitre le fin mot de cette aventure. Tout se joue dans ce fameux dîner-spectacle que j'avais loupé. Et pour cause : on me prévint qu'il fallait pousser jusqu'à la page (j'allais écrire la porte) 250.
Je suis perdue par ce bouquin. Je ne peux pas dire que je n'aime pas. Disons que je m'ennuie comme à un repas de famille qui se traine. Me voici tout de même rendue p. 313 et ils ne sont pas encore rentrés dans le restaurant. Suspense ! Je n’ai jamais lu à ce point en diagonale. Pourtant c’est très bien écrit, là n’est pas le problème. Il n'empêche que 600 pages … c'est en soi déjà monstrueux.
J'accompagnerai David et Alice à ce repas mais … moi aussi je ferai patienter ce pavé. Chacun son tour. D'autres livres m'appellent qui asticotent davantage mon appétit.
Les monstres de Charles Roux, chez Rivages, en librairie depuis le 6 janvier 2021