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Indes galantes, film de Philippe Béziat

Publié le 18 juin 2021 par Onarretetout

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Le film de Philippe Béziat suit une année de travail à l’Opéra de Paris jusqu’à la création de la mise en scène par Clément Cogitore, la chorégraphie de Bintou Dembélé et la direction musicale de Leonardo García Alarcón, de l’oeuvre de Jean-Philippe Rameau, livret de Louis Fuzelier, Les Indes galantes.

Ce que montre le film, outre cette idée que l’Opéra s’ouvre à de nouvelles formes, et, même si cela a déjà été le cas, ici cela apparaît comme radical. « Bienvenue chez nous » dit un danseur au début du film quand la troupe, nombreuse, commence sa découverte du lieu. Le metteur en scène dit que c’est à l’invitation du Directeur de l’Opéra que ce projet a vu le jour.

La découverte va être réciproque : musique, chant, mise en scène et danse vont s’interpénétrer pour permettre une nouvelle lecture d’une oeuvre sans la dénaturer, voire en en proposant un point de vue actuel : le metteur en scène dit que la découverte du monde, tel qu’on l’imaginait à l’époque de Rameau, peut être traduite aujourd’hui comme la découverte de la ville et des arts urbains. Qui sont « les sauvages » aujourd’hui ? Dans quelles « forêts » vivent-ils ? Rameau s’est inspiré, dit-on, de percussions découvertes dans le spectacle d’une « danse d’Indiens de Louisiane ». Le film montre une danseuse partant de Noisiel, à l’Est de Paris, en RER (il n’y a pas de changement jusqu’à Opéra), écoutant une musique rythmée traditionnelle sur laquelle se superpose peu à peu la musique de Rameau.

Plus on avance dans le film, plus on perçoit le bien fondé des choix artistiques et le respect de l’oeuvre. Et les danseurs, pour qui sans doute cette musique était au départ très éloignée de ce qu’ils écoutaient, se l’approprient. Il y a même une fin de journée, après des heures de répétitions, où la troupe ne quitte pas le plateau où elle travaille et se met à chanter les airs de Rameau avec un plaisir évident.

Dans la salle où j’ai vu le film, quand la projection s’est achevée, nous nous sommes levés et, ne nous connaissant pas, nous nous sommes mis à discuter, ce qui ne m’était pas arrivé depuis longtemps à la fin d’un film. C’est, à n’en pas douter, un effet de la démarche de création menée et montrée dans ce documentaire enthousiasmant.


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