C’est en plein Paris et pourtant dans un cadre quasi-provincial qu’Interfel procéda ce mercredi 9 juin après-midi au lancement de la Fête des fruits & légumes frais, dont le parrain est Guillaume Gomez, l’ancien chef des cuisines de l’Elysée. De plus, l’année 2021 a été déclarée (pour la première fois) Année internationale des fruits et légumes par la FAO.L’interprofession de la filière avait choisi le Musée des arts forains, qui, soit dit au passage, ne se visite que sur rendez-vous, pour redonner une impulsion à ses activités. J'indique les coordonnées et les caractéristiques de ce lieu atypique en fin d'article.Une fois passée la porte d’entrée au 53 avenue des Terroirs de France–75012 Paris on découvre une sorte de jardin extraordinaire surmonté de lustres de cristal suspendus à son toit de verdure. L’endroit a quelque chose de sauvage et de discipliné à la fois. Il aura tout de même fallu 10 ans d’efforts afin que cet espace puisse se transformer en jardin et que la nature l’habite avec fantaisie, poésie et naturel. Avec ses pavés et ses carrés de végétation sur les murs et dans le ciel. Le visiteur y déconnecte immédiatement de ses éventuelles préoccupations et apprécie cette première sortie à l’air libre avec le nouvel horaire de couvre-feu repoussé à 23 heures. D’autant que le soleil n’est pas trop cuisant. L’après-midi fut pensée pour rendre les enfants heureux.Il y avait donc un buffet de sucreries, toutes délicieuses. J’ai dégusté des guimauves aériennes et des gaufres légères. Les fruits et les légumes étaient là, surtout en éléments décoratifs, mais aussi dans l’assiette, parfois déguisés comme par exemple avec ces mini hot-dogs de carottes baby, ketchup maison (photo ci-dessous) pour ne pas la jeunesse … parce que les adultes sont persuadés que ce type de nourriture ne sera pas plébiscité alors que la tendance végane ne cesse par ailleurs de croître, frôlant parfois l’excès inverse.Je trouve d’ailleurs grandement dommage qu’on ait ce complexe de croire que les fruits et légumes auraient en quelque sorte besoin d’être réhabilités alors qu’une fraise parfumée est un pur délice, tout autant qu’une pomme cueillie à juste maturité, qui n’aura pas besoin de se camoufler sous un enrobage de sucre rouge.Tout le monde n'a pas la chance d'Hélène Darroze d'avoir grandi dans le jardin fabuleux de son arrière-grand-père, qu’elle a vu prendre soin de ses petits pois, où elle a dégusté des cerises qu'elle nous a qualifiées d'incroyables. Et dans une région du sud ouest privilégiée en terme de variétés comme la carotte des sables ou l’asperge blanche des Landes.Moi-même je me souviens du plaisir d'aller couper deux-trois feuilles d'oseille dans le carré d'aromatiques de ma grand-mère pour les ajouter à un bouillon. Des visites que je rendais à une copine de classe chez qui, sous prétexte de l'aider à réviser ses leçons de maths, je me régalais des groseilles blanches, roses ou rouges du jardin de ses parents. Manger des fruits et des légumes n'était pas une punition … sauf les carottes que maman préparait à la Vichy, coupées en rondelles fines et cuites à l'eau.J'ai appris, depuis, à les trancher en fuseau, et à les braiser, leur goût est incomparable. De même que les betteraves rouges sont bien meilleures passées à la moulinette grosse râpe comme on le fait pour le céleri rémoulade. Il est essentiel de comprendre en quoi la découpe conditionne le goût. Je vous invite à lire le dernier ouvrage d'Arthur Le Caisne.Ceci pour dire qu'il faudrait arrêter de penser qu'il faut cacher les légumes aux enfants dans des préparations alambiquées, car cela revient à envoyer le message qu'ils ne sont pas bons, ni au goût, ni à la santé. Pourquoi les tromper ? Autorisez les carottes crues entières dans les cantines et incitez à croquez dedans ! Le résultat ne se fera pas attendre longtemps.Il faudrait multiplier les dégustations (saviez-vous qu’il existe 50 espèces de mangue sur l’île de la Réunion ? J’imagine que leur saveur est différente), organiser des visites de sites de culture, et surtout impliquer les producteurs à présenter leur savoir-faire. A l'instar de ce qui se pratique dans le monde du vin. Avec, bien entendu, l'autorisation sous-jacente de ne pas aimer, enfin pas pour le moment parce qu'il faut goûter plusieurs fois avant de croire son opinion définitive.Et puis, même s'il est légitime de montrer des produits magnifiques dans ce genre de manifestation je suis persuadée qu'expliquer comment on peut sublimer des fruits et des légumes moches, mal calibrés, voire un peu abimés, est déterminant pour que, dans la vraie vie, on arrête le gâchis. J'avais animé des ateliers sur ce thème dans un salon de l'agriculture et le succès se lisait sur les visages des participants, qui repartaient convaincus après avoir expérimenté et s'être régalés.Des animations se sont succédées pour les petits et grands durant l'après-midi. Avec au programme : Justine Piluso (TopChef 2020) qui montra comment "twister" des fruits et légumes de saison avec les associations reines en ce moment, à savoir des mélanges d’herbes hachées et d'épices. Nous aurons l’occasion de goûter ses recettes à la rentrée puisqu’elle va prendre les commandes de la maison Dalloyau en septembre
Un artiste en matière de découpe, Atem Barbouche, expliquait un peu plus loin, dans cette même superbe salle du musée, comment présenter un fruit de manière audacieuse. La pyramide de coques de fruits de la passion évidées et remplies de différents autres fruits étaient fort tentante, mais je crois uniquement décorative.De temps en temps surgissait un grand garçon sympathique, le magicien Achille magic dont le talent m’a bluffée.Les petits étaient incités à faire tourner une roue pour ensuite répondre à la question désignée par ne flèche. De quoi en apprendre davantage sur l’univers, même si rien ne vaut le contact direct avec les produits, surtout après avoir été privé de Salon de l’agriculture. Les grands se sont désaltéré de cocktails sans alcool sains et savoureux, car l’un n’empêche pas l’autre. La combinaison "jus orange carotte fraise" eut un franc succès.Quatre espaces composent le Musée : le Théâtre du Merveilleux, les Salons Vénitiens (avec une lagune et un palais baroque), le Magic Mirror et la partie proprement désignée comme Musée des Arts Forains à laquelle nous avions accès. Deux statues majestueuses et un orgue de 1905 préfigurentles carrousels–salons qui, dans les années 1900, étaient des monuments nomades parcourant l’Europe d’une fête foraine à l’autre. En face, un cheval et un centaure attestent du travail de restauration effectué dans les ateliers, pour retrouver la polychromie d’origine.Nous voici dans une fête foraine de la Belle Epoque avec ses attractions anciennes et ses manèges centenaires de chevaux de bois que l’on peut utiliser lors des événements comme celui-ci (ou de visites dès qu’elles reprendront comme je l’explique à la fin) sous la direction d’un personnel dédié.La course des garçons de café a eu un franc succès aussi bien auprès des jeunes gens que des adultes.Laurent Grandin, président d’Interfel, prit la parole peu après 18 heures en compagnie d'Hélène Darroze, ambassadrice de l’Année internationale des fruits et légumes frais 2021. Il faut faire aimer les fruits et les légumes, n’a-t-il cessé de rappeler. On peut les consommer nature, mais rien n’interdit d’ajouter une noix de beurre ou même de les glacer si on a un peu de technique.Il y a 20 ans qu’Hélène a enclenché la démarche d’en faire le plat principal. Elle ouvre dans trois semaines un restaurant autour d’un jardin en Provence. Elle a joué son rôle de chef en soulignant qu’il existe de nombreuses alternatives. Pourquoi ne pas faire un ketchup de betteraves, des frites de courgettes ?Malgré la fermeture des restaurants, l’année 2020 aura été une très bonne année de consommation car les français se sont remis à cuisiner du frais. Les tendances de consommation restent favorables. L’objectif n’est plus tout à fait clairement de consommer quatre ou cinq fruits et légumes différents par jour mais d’en absorber 400 g. La France étant le troisième pays producteurs de l’Union européenne, c’est un gros enjeu de société et d’économie. S’ils sont bien sélectionnés, ils sont moins chers que les produits de l’industrie agroalimentaire. Par contre le Président a déploré que le programme fruits et légumes à l’école ne fonctionne pas malgré un budget conséquent de 18 millions d’euros. Il a raison de croire que l’avenir passe par le retour des cours de cuisine en école primaire pour que, toute sa vie, l’être humain puisse avoir une alimentation saine et variée.Ce sont 10 journée de fête des fruits et légumes frais qui s’annoncent en France dans divers endroits.Avec une histoire datant d’il y a plus de 6500 ans, Bercy est surtout connu comme un quartier festif au XIXe siècle. Ce Joyeux-Bercy alors au-delà des limites de Paris jouissait du privilège de la détaxe du vin. On le vendait et on le buvait. Les guinguettes s’y sont tout naturellement installées ainsi que les principaux entrepôts de négociants. Ce lieu insolite où nous nous trouvions aujourd’hui, accueillait autrefois les anciennes halles aux vins construites par un contemporain d’Eiffel. Elles abritent désormais une collection unique peu connue d’objets du spectacle, d’art forain et curiosités des XIX et XXe siècles, composant une véritable « troupe d’objets-acteurs » qui a été rassemblée et mise en scène par Jean-Paul Favand, le créateur des lieux.Cet homme, qui travaille depuis quelques années avec sa fille Clémentine à ses cotés, avait créé à trente ans le concept du Louvre des Antiquaires. Depuis 1972, parallèlement à son commerce d’antiquités, ses activités de mise en scène et son travail d’artiste plasticien et numérique, il acquiert, conserve et fait restaurer des objets de curiosité et du patrimoine du spectacle. Il les installe définitivement en 1996 dans les chais Lheureux à Bercy dont il a réhabilité les bâtiments inscrits depuis 1985 à l’inventaire supplémentaire des monuments Historiques. Avec son fonds documentaire et ses ateliers de restauration, l’endroit est un lieu de découverte et de préservation. Il a voulu différencier ce musée-spectacle des musées classiques en l’affranchissais des traditionnelles vitrines et cartels. Il a sélectionné les pièces les plus représentatives parmi les milliers en réserve et les a fait restaurer. Ici on est autorisé à toucher les objets et à monter sur les manèges, sous l’œil bienveillant et encourageant d’un guide. La visite, d’une durée de 1H 30 se fait donc uniquement sur inscription, et reprendra fin juin tous les jours de l’année (hors événements spéciaux).Le visiteur participe donc à la mise en scène. Il pénètre dans les salles tel un acteur entrant en scène en passant sous des rideaux de théâtre. Il suit un scénario sur chaque manège. Aux Salons Vénitiens par exemple il se transformera en automate au son d’une boîte à musique sur un manège de gondoles. Mais il ne faudrait pas croire l’endroit passéiste. Les mises en scène sont sans cesse renouvelées, avec si nécessaire le recours au numérique.
Souvent dénigré au statut d’art populaire, les Arts Forains sont aujourd’hui reconnus comme un Art Décoratif à part entière. Et je vous recommande cette escapade hors du temps autour des thèmes des cabinets de curiosités, du carnaval, des jardins extraordinaires et de la fête foraine de la Belle Epoque. Je me suis promis d’en faire l’expérience complète dès que possible. Je la relaterai bien entendu sur le blog. Musée des Arts Forains53 avenue des Terroirs de France–75012 Parisinfo@pavillons–de–bercy.comRéservations nécessaires : arts–forains.com ou au 01 43 40 16 22Ouverture sans réservation pour les Journées Européennes du Patrimoine et à la période des fêtes de fin d’année pour le Festival du Merveilleux