L'URBANITÉ. L'urbanité est un concept que je trouve à la fois joli et étrange. Il marque, en quelque sorte, la supériorité de la ville sur la campagne, le mot venant de là. Pourtant, il ne me semble pas que l'on soit moins poli, et surtout moins urbain, à la campagne. J'ai été élevé dans un village situé près du Forez, et n'ai jamais trouvé que les gens y étaient peu urbains. Au contraire, ils se faisaient des visites, offraient les excédants de leurs productions (du jardin, culinaires...) ce qui donnait lieu parfois à de véritables échanges, se rendaient des services, s'invitaient les uns les autres, buvaient " des canons " ensemble (le terme de " canon " est très ancien et désigne ici une mesure), prenaient toujours en compte l'autre, offraient des cadeaux en particulier durant les fêtes, se réunissaient dans des moments communautaires, etc. De nos jours, c'est beaucoup plus chacun chez soi, en particulier en ville. Cependant, la personne de la campagne se retrouvant en ville était parfois mal à l'aise, parlant fort, ressentant de la gêne, se sentant inadaptée à toute une socialisation proprement urbaine, d'où sans doute l'origine du mot.
La plupart des philosophes de l'Antiquité se sont intéressés à la politique de leur cité, certains même réfléchissant sur les meilleures formes de gouvernements. Beaucoup ont donné des lois à leur ville. Solon (VIIe - VI siècles av. J.-C.) est peut-être le plus célèbre pour cela. La plupart ont combattu les tyrans (certains en ont même assassiné un). Par contre un d'entre eux, considéré comme un des sept sages (Platon pensait que c'était une erreur), aurait été lui-même un tyran. Il s'agit du plus étrange des 'sages' décrits par Diogène Laërce : Périandre (VIIe siècle av. J.-C.). Il succéda à son père dans ce rôle. Il aurait eu cette merveilleuse phrase : " Ne faites rien pour de l'argent, car il ne faut payer que ce qui s'achète. "
De nos jours, les philosophes continuent de s'impliquer dans la vie de la cité, beaucoup s'inquiétant de la dictature moderne que le coronavirus n'a fait que révéler de façon flagrante. Citons Michel Maffesoli, Michel Weber, Dany-Robert Dufour, Alain Deneault, etc. Même Bernard-Henri Lévy a écrit un livre intitulé Ce Virus qui rend fou.
Il est à noter que les philosophes ne sont pas les seuls à s'inquiéter de la folie ambiante contemporaine. De très éminents scientifiques (en France les plus hauts spécialistes des virus comme Montagnier, Perronne, Raoult...), sociologues, psychologues, psychiatres, médecins, professeurs, universitaires, économistes, juristes... continuent d'alerter, malgré la censure, de même que quelques politiques (très peu) et artistes. Concernant l'art, j'ai été étonné de voir le mutisme de ceux qui se revendiquent comme des artistes. Par exemple, dans mon quartier et en particulier dans mon impasse, des oeuvres sont constamment collées ou peintes sur les murs et même sur le sol, pourtant, rien ces derniers mois critiquant le muselage de notre société. Ce mutisme apathique est hallucinant. C'est comme si les artistes avaient été tous anesthésiés. Il faut dire que l'art contemporain est beaucoup à l'image de cette société... particulièrement dans la folie ou l'horreur.