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[Critique] DEEP HOUSE

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] DEEP HOUSE

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Origine : France

Réalisateurs : Alexandre Bustillo, Julien Maury

Distribution : Camille Rowe, James Jagger, Éric Savin.

Genre : Horreur/Épouvante

Durée : 1h21

Date de sortie : 30 juin 2021

Le Pitch :

Tina et Ben passent leur temps libre à explorer des sites abandonnés et publient ensuite les vidéos sur Internet. Un jour, Ben entend parler d'une maison totalement immergée au fond d'un lac dans le sud-ouest de la France. Sur place, la bâtisse tient ses promesses. Parfaitement conservée, elle ouvre ses portes aux deux explorateurs qui n'en croient pas leurs yeux. Très vite néanmoins, des phénomènes étranges se produisent...

La Critique de Deep House :

Alexandre Bustillo et Julien Maury font partie des rares réalisateurs français à évoluer exclusivement dans le cinéma d'horreur. Le duo s'étant fait connaître dès 2007 avec À l'intérieur, avant de faire du chemin au fil de films qui ont fini par leur ouvrir les portes d'Hollywood. Enfin, disons plutôt la porte de derrière... Embauchés pour mettre en scène Leatherface, un obscur préquel super dispensable de Massacre à la tronçonneuse, les deux Français se sont vite vus totalement dépossédés de leur film qui a été charcuté avant de piteusement arriver chez nous. Un ratage complet qui a probablement donné envie à Bustillo et Maury de revenir à la maison... Et c'est justement du côté du Sidobre, dans le sud de la France, qu'on les retrouve avec Deep House (même si les scènes sous-marines ont été tournées en Belgique)...

La maison du lac noir

Deep House repose sur une idée aussi simple que novatrice : deux personnes explorent une maison hantée... sous l'eau. Mine de rien, ça change pas mal de choses. Et c'est donc à partir de ce concept aussi prometteur que casse-gueule que Bustillo et Maury ont construit leur film. Casse-gueule car Deep House aurait pu faire comme beaucoup de productions du genre et finir par se prendre le mur. Pourtant, ce n'est pas le cas et au final, le nouveau film du duo s'impose sans mal, avec une belle sincérité et une exécution franchement solide, comme l'un des meilleurs du genre produits en France depuis très longtemps. Et tant qu'on y est, on peut aussi affirmer qu'il s'agit sans mal du meilleur film des réalisateurs.

Frayeurs aquatiques

Et c'est donc après une introduction assez banale que les personnages, campés par Camille Rowe et James Jagger (le film de Mick) arrivent au lac dans lequel repose la baraque. Sans même chercher à les esquiver, Maury et Bustillo se prennent de plein fouet tous les clichés : Tina angoisse parce qu'elle ne s'est pas suffisamment entraînée à l'apnée, son mec est beaucoup trop téméraire pour son propre bien, ils rencontrent un type un peu louche qui semble plus intéressé par les seins de Tina que par autre chose (et qui fait penser au vieux de Vendredi 13 qui lance " la mort rode à Crystal Lake " à l'héroïne au début)... On voit le truc arriver à 100 bornes. Pourtant, quand la maison fait son apparition, fantomatique et étrangement préservée, à plusieurs mètres de la surface de ce joli lac, Deep House commence à resserrer son étreinte.

[Critique] DEEP HOUSE

Urbex fatal

La première chose qui impressionne ? Les décors. Maury et Bustillo n'ont pas lésiné et sont parvenus à recréer une maison relativement impressionnante et intimidante, avec un sens du détail qui force l'admiration. À mesure que les personnages progressent dans cette baraque immergée, les pièces révèlent leurs secrets et force est de reconnaître qu'à l'écran, le résultat a vraiment de la gueule. Certainement conscients que le genre n'avait pas besoin d'un autre film basique qui se contenterait d'enfiler les clichés comme des perles, les cinéastes exploitent pleinement leur environnement et justifient au passage complètement leurs choix.

Ainsi, la vraie valeur ajoutée de Deep House est bel et bien cette maison sous l'eau. L'eau qui donne aussi l'occasion au scénario de jouer sur le manque d'oxygène, la difficulté de se mouvoir rapidement et les jeux de lumière pour faire monter la pression... Un décorum vraiment réussi dans lequel Maury et Bustillo parviennent à faire une chose rare, surtout en France, à savoir encourager la naissance d'une peur sourde amenée à prendre de l'ampleur.

Il serait dommage d'en savoir plus avant de faire le grand plongeon car Deep House sait s'y prendre pour titiller nos nerfs. Il est donc important de lui laisser sa chance. De lui pardonner son entrée en matière un peu plate voire un peu longuette et de se laisser porter. Ou plutôt couler. On lui pardonnera aussi cette impuissance parfois manifeste à faire exister les personnages, dont on ne voit finalement que les yeux. Leurs voix à elles seules ne suffisant pas à leur donner de l'épaisseur.

Deux explorateurs un peu transparents donc, au cœur d'un cauchemar pourtant tangible, d'une efficacité redoutable. En lorgnant sur de nobles références pour une fois totalement digérées, comprises et respectées, Maury et Bustillo offrent au cinéma hexagonal un film d'épouvante certes émaillé de maladresses narratives mais néanmoins très efficace et marquant.

En Bref...

Brillamment réalisé, formellement très réussi, Deep House exploite pleinement son étonnant postulat et ravive à lui seul un genre un peu sclérosé, à mi-chemin entre le found footage et le pur trip de maison hantée. Reste que l'originalité du concept ne cache pas bien longtemps le manque d'épaisseur des personnages et le déroulé finalement assez classique de l'intrigue. Mais paradoxalement, cela n'entame en rien la formidable efficacité de ce trip sous-marin extrêmement tendu et parfois vraiment flippant.

@ Gilles Rolland
[Critique] DEEP HOUSE
Crédits photos : Apollo Films

Par Gilles Rolland le 1 juillet 2021

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