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The Backwoods de Koldo Serra

Par Geouf

Production Filmax et premier long métrage du jeune Koldo Serra, m'intriguait depuis un moment déjà. D'abord parce qu'il s'agit d'un survival, genre que j'affectionne particulièrement, ensuite parce qu'il a reçu un accueil très chaleureux dans les différents festivals l'ayant diffusé, et aussi pour son casting hétéroclite et international (un réalisateur espagnol, Gary Oldman, Paddy Considine et notre Virginie Ledoyen nationale). Autant de raisons qui ont fait que lorsque je suis tombé sur le DVD dans une boutique d'Aberdeen, je me suis empressé de l'acquérir. Et j'avoue que j'ai été très agréablement surpris, puisqu'au final j'ai eu bien plus que ce que je m'attendais à retirer du film. Car si The Backwoods a bien des allures de survival, il est en fait beaucoup plus que ça. Il s'agit tout autant d'un thriller horrifique que d'un drame poignant et d'un plaidoyer pour le respect de la différence (qu'elle soit physique ou culturelle).

The Backwoods se déroule dans les années 70 (époque bénie du survival, faut-il le rappeler, qui a vu naître entre autres le traumatisant Massacre à la Tronçonneuse) et suit le parcours de deux couples d'amis, Paul et Isabel (Gary Oldman et Aitana Sánchez-Gijón) et Norman et Lucy (Paddy Considine et Virginie Ledoyen), venus passer des vacances en Espagne, dans la vieille demeure familiale de Paul. Au cours d'une partie de chasse dans les bois, les deux hommes tombent sur une cabane renfermant un secret qu'ils auraient mieux fait de ne pas découvrir. Des hommes armés ne tardent pas à débarquer chez eux, bien décidés à étouffer cette affaire...

Le film débute sur une vue de l'intérieur de la voiture du couple Norman-Lucy, alors qu'ils roulent sous le soleil écrasant d'Espagne. Les héros sont présentés très succinctement, à travers peu de dialogues, mais déjà on sent une tension, tension imputée de prime abord à la chaleur étouffante régnant dans l'habitacle (pas de clim à cette époque). Cependant, Serra nous fait comprendre par petites touches que ce couple traverse une crise sérieuse (l'agressivité gratuite de Lucy, son refus de quitter la voiture pendant l'arrêt au bar, le désarroi visible de Norman...). Et c'est véritablement cette crise dans ce couple qui va faire dégénérer la situation dans la suite du métrage, plus que la macabre découverte dans les bois.

Une fois le décor planté et les personnages présentés, soit physiquement (le couple Norman-Lucy), soit oralement (le couple Paul-Isabel), le film peut véritablement commencer. Et il débute comme un survival classique : les deux couples de citadins débarquent dans un bar paumé dans la cambrousse espagnole, avec ses habitués bizarres qui regardent les étrangers d'un air dédaigneux. Mais très vite, Serra joue avec les codes du genre, en faisant par exemple du personnage de Gary Oldman un natif du coin bilingue et donc parfaitement à même de répondre aux railleries des locaux. De même, si certains autochtones voient de toute évidence d'un mauvais œil l'arrivée de ces touristes, pour la plupart ils sont très ouverts et serviables. Cette introduction à la fois classique et originale prépare le terrain pour la suite par petites touches, comme cette scène ou Virginie Ledoyen se fait mater alors qu'elle est en train de se rafraîchir à la fontaine.

Et cette envie de respecter les codes du survival tout en apportant un coté réaliste parcourt réellement tout le métrage. Ainsi, lorsque les deux hommes font leur macabre découverte et tentent de se rendre au poste de police, ce n'est qu'à cause de leur hâte et de leur maladresse qu'ils ont un accident de voiture... Mais d'un autre coté, l'événement véritablement déclencheur de la folie qui va suivre sera le viol de Lucy par un villageois, une scène classique de survival, mais très intense dramatiquement. Mais là où Serra réussit un coup de maître, c'est véritablement dans le face à face final, à la fois magnifique visuellement, extrêmement tendu et surtout très émouvant. Un final où le personnage incarné par Lluís Homar dévoile un coté de sa personnalité inattendu, celui d'un homme brisé qui a commis une terrible erreur et ne sait pas comment la réparer, un homme totalement dépassé par les événements et par ce déferlement de violence. A l'inverse, Norman, de mari cherchant à protéger sa famille et à reconquérir le cœur de sa femme, est devenu progressivement un homme assoiffé de sang, un véritable chasseur.

Visuellement magnifique et maîtrisé (la poursuite entre Gary Oldman et les villageois dans les bois est impressionnante), le film de Serra botte en touche grâce à ce final poignant, très éloigné des canons du genre mais réellement puissant.

Note : 8/10

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