Critique de Sosies, de Rémi de Vos, vu le 15 juillet au Théâtre des Halles (19h30)
Avec John Arnold, Victoire Goupil, Xavier Guelfi, Christine Pignet, David Sighicelli, dans une mise en scène de Alain Timar
Sosies, c’est un peu du hasard. Au départ, quand j’ai entendu le titre de la pièce, je croyais que c’était autour du personnage de serviteur dans l’Amphitryon de Molière et allez savoir pourquoi je trouvais ça rigolo de creuser un peu autour de lui. Après, je me suis rendue compte que le titre était au pluriel, j’ai lu le résumé, j’ai compris que c’était pas du tout ce que je pensais mais je trouvais toujours ça rigolo donc c’était plutôt bon signe. Mieux : je trouvais ça chouette de dénicher, dans le programme du OFF, au théâtre des Halles qui plus est – qui n’est pas vraiment réputé pour ses comédies -, un spectacle qui me semblait à la fois drôle et de qualité. Bref, j’ai signé.
Dans Sosies, il est question de… sosies. On débarque dans la vie de John et Guinz, respectivement sosies de Johnny Hallyday et Serge Gainsbourg. Le premier a plus de succès que l’autre qui commence à se poser des questions de reconversion : changer de sosie, se réinventer, ou carrément essayer de lui piquer la vedette et devenir lui aussi un sosie de Johnny – après tout, c’est ce qui semble fonctionner… Il y a aussi Kate, une jeune fille un peu paumée à qui John conseille de devenir le sosie de France Gall, et Jean Jean, le fils de Guinz, qui la rencontre grâce à une agence matrimoniale et cherche immédiatement à l’épouser pour se libérer de la pression familiale…
Ça commence super bien. Le texte de De Vos est percutant dès la première scène et nous entraîne dans un rire quasi-immédiat. On est au milieu de la famille composée de Guinz, Biche, et Jean Jean, les répliques s’enchaînent comme des bons coups au tennis, renvoyant la balle toujours là où on ne s’y attend pas. C’est rythmé, c’est maîtrisé, c’est explosif, et jamais en force. Je suis vraiment prête à me poiler toute la soirée.
Les choses se compliquent un peu pour la deuxième scène. Cette fois-ci, on est en plein dans notre sujet de sosies. On fait un peu connaissance avec les personnages, mais le rire retombe pour ne revenir qu’à de rares moments dans la pièce, principalement lorsqu’on retrouve la famille de Jean Jean. En fait, les deux histoires, celle de la famille et celle des sosies, sont très différentes dans ce qu’elles racontent et dans le ton qui est employé. Et si j’ai l’impression de plutôt saisir l’humour de la première, je ne comprends pas bien l’intérêt de la seconde.
Mais ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Au milieu de mes découvertes du OFF, Sosies est une proposition de qualité. Les comédiens sont tous excellents et nous accompagnent du mieux qu’ils peuvent à travers le texte de Rémi de Vos. Mais, si je les ai suivis, je n’ai pas toujours compris où on allait. Il manque un petit quelque chose au texte pour le faire réellement décoller. La question de l’identité, qui est apparemment celle que l’auteur a voulu soulever, n’est pas toujours perceptible à l’écoute. Mais c’est la première fois que le texte est joué devant un public, et on peut espérer qu’il sera retravaillé afin d’aligner l’ensemble du spectacle au brio de la scène d’ouverture.
Le travail, la rigueur et la qualité sont au rendez-vous, le reste devrait suivre.